My song : "Ruins" – Portico Quartet – 2011

Publié le 5 avril 2016 par Narcisse

Ce morceau m'envoûte littéralement !
Mais quelles ruines évoque-t-il donc ?
C'est étonnant pour moi, parce qu'il me mettrait plutôt la pêche que le moral à zéro ! D'accord, il y a ce saxo pleurnichard et tremblotant du début. Et ?… Cette contrebasse à la ligne sautillante, qui ressemble tellement à un rythme de musique brésilienne ! (Bossa nova ?) Et puis ces percus sèches, mélange de batterie et d'électronique, en plus de ce hang hypnotisant.

Cette trouvaille "médiathesque", je l'ai fait écouter à Béa qui fut conquise elle aussi. Est-ce à dire que notre pessimisme viscéral se satisferait de ce genre de musique ? Voire ! D'abord je ne la crois pas pessimiste, et pour moi, j'ai encore des doutes ! En, philo, les optimistes et les pessimistes n'englobent pas à eux seuls le genre humain. A ceux qui voient le monde plus beau qu'il n'est, ou plus "moche", s'opposent les tragiques, ceux qui le voient tel qu'il est ! (Bon, en même temps, j'ai eu 7 au bac…)
Ruines. Certaines de mes grandes émotions sont nées au théâtre d'Epidaure, à Delphes ou Louxor. Des ruines, oui, mais grandioses, témoins d'une grandeur passée qu'on peut ou non regretter. Ces lieux sont pourtant bien vivants !
Ruine du corps , Pas de quoi se prendre la tête : c'est juste ce qui attend chacun d'entre nous. Question de temps, uniquement.

Journal d'un corps - Daniel Pennac & Manu Larcenet

Mais quand ce morceau démarre alors que j'attends mon bus rue de Verdun, j'apprécie l'ironie de la situation. Surtout si j'ai lu "On nous a coupé les ailes" la veille au soir ! Et le saxo qui se met à hurler réveille en moi l'écho des obus et des cris de ces pauvres gosses perdus de l'Histoire.

On nous a coupé les ailes - Fred Bernard & Emile Bravo

Non, je n'ai aucun optimisme, ni aucune foi en l'espèce humaine : les faits me donnent raison tous les jours ! Le bien / le mal, les bons / les méchants, le beau / le laid, tout cela se côtoie quotidiennement. Je ne sais pas si le monde court à sa ruine. Mais j'apprécie la chance que j'ai de vivre ici une vie assez confortable, alors je remercie le hasard qui m'y a mis ! Et tout ce qui, comme ce titre, contribue à embellir la vie.