Gilles Bachelet et son autruche
(Pour celles et ceux qui prennent le train en route, relisez ici !)
J'avoue que j'étais passé complètement à côté de cet album. La forme, peut-être : il ne s'agit pas d'une histoire. Un peu d'ailleurs comme "les coulisses du livre jeunesse", il ressemble davantage à un catalogue de tableaux. Pourtant, j'aime l'idée : Trouver une idée et la décliner. C'est ce que je préfère, en fait : la contrainte qui libère. Je crois que je fonctionne comme ça – le talent en moins !
Avec cet écueil où ne pas échouer : en faire trop. J'imagine qu'il a dû "jeter" beaucoup, trier, retravailler chaque page.
En fait, il y a DEUX idées. Les contes traditionnels – sujet rebattu, tant de fois abordé. De Gotlib à Emile Bravo, de Geoffroy de Pennart à Yvan Pommaux et Anthony Browne, les contes restent une source d'inspiration – et de détournement – inépuisable. Avec ce bémol en ce qui concerne les auteurs pour enfants : l'adulte qui choisit de lire ces livres doit veiller à ce que les enfants connaissent au préalable les versions traditionnelles, sans quoi le plaisir de la transgression ou simplement de reconnaître des références s'en trouve grandement gâché ! Pour ne pas dire qu'ils s'y perdent complètement.
Nous passons chaque année du temps à étudier différentes versions de contes, avant d'exploiter un album qui les met en scène ou les utilise sous formes d'allusions, ou encore les détourne. Cette année, ce sera "Dans la forêt profonde" d'Anthony Browne, mais je finirai bien par en parler ici !
Et puis le choix de l'autruche.
Depuis Gotlib, j'avais eu peu d'occasion de la rencontrer, si ce n'est le gag éculé de la tête dans le sable. Ça tombe bien, j'ai aussi un peu l'impression de faire l'autruche en ce moment, dans ma boîte !
Cet animal, Bachelet doit lui vouer une tendresse à peu près équivalente à celle qu'il éprouve pour l'éléphant ou… les champignons !
Déjà, dans "Champignon Bonaparte", elle faisait une apparition fugace, assumant son autre réputation d'avaler tout ce qui lui tombe sous le bec.
Ici encore, le rire naît du décalage entre l'illustration - en soi déjà hilarante - et la légende de "tableau". Car si Bachelet semble apprécier l'animal, il lui applique l'adage selon lequel "qui aime bien châtie bien" ! Et l'autruche en question n'en sort pas toujours grandie !
La dernière image pourrait - faussement selon moi - passer pour un peu cul-cul ("Tout est bien qui finit bien") si elle ne me faisait revenir à mes lapins par la grande fécondité de cette famille "idéale".
En fait - comme disent tout le temps mes élèves ! -, je reparlerai encore une fois de Gilles Bachelet avant de revenir à "mes" lapins... et d'en finir avec eux !