Qu'là vie y est.
Mon premier souvenir ? Le vieux piano chez mes grands parents. Pas ceux de La Gaudière, les autres.
Il a atterri chez mes parents quand mes grands parents ont déménagé. Je ne sais pas quel oncle ou tante avait pu transpirer dessus. Chez nous, il nous servait de jouet jusqu'à ce que ça agace mon père ou ma mère. Et jusqu'à ce que l'une de mes sœurs (plus rétive à la clarinette que les autres enfants) fasse une tentative éphémère d'apprentissage.
Ensuite il a disparu je ne sais où.
Quand j'étais à l'Ecole Normale, on m'a fait découvrir le fameux "Köln Konzert" de Keith Jarrett, que j'ai écouté en boucle pendant des mois !
(Ouais, je sais : ce n'est pas sur ce disque !)
En 1986, Picolo s'est offert trois guitares et un synthé et s'est essayé au pianotage. On a tenté d'intégrer ce synthé dans notre groupe, mais personne parmi nous ne maîtrisait suffisamment l'engin !
John Lennon – Imagine (Hervé Bourhis)
Pendant longtemps, j'ai un peu délaissé l'instrument. Il m'arrivait d'écouter encore Keith Jarrett, "Imagine" de John Lennon ou William Sheller. Mais les guitares l'avaient relégué dans un coin du tiroir à CD.
A la médiathèque, je me suis entêté longtemps à emprunter des trios classiques de jazz (piano basse batterie) avec le plus souvent plusieurs bémols à la clé ! Et puis un jour E.S.T. (Esbjörn Svensson Trio). Ces trois-là étaient des génies. (Je vous ai déjà dit que le pianiste a eu un accident de plongée en 2008) Il m'ont réconcilié avec le jazz en faisant sortir des sons incroyables de leurs instruments.
En 2012, Béa me décide à reprendre la musique. Après quelques essais peu concluants, nous rangeons saxo et clarinette dans leurs étuis. Mais son piano prend forcément une place centrale dans nos compositions, bidouillées désormais à l'ordinateur.
L'année suivante, je découvre – toujours à la médiathèque – ce morceau de Peter Broderick qui tourne encore chaque matin dans mon baladeur.
Entre temps, les pianos se multiplient dans les gares, avec semble-t-il pour mission de nous en dégoûter à jamais, par claviéristes improvisés (et néanmoins obstinés) interposés !
Ludovico Einaudi - Experience
En 2016, c'est Ludovico Einaudi qui s'invite sur la platine CD avec son album de 2013. Les autres me plairont moins.
Ólafur Arnalds - Ekki Hugsa
Et puis en décembre 2018, Ólafur Arnalds ! Ce gars-là est déjà passé par tous les styles malgré son jeune âge. C'est le champion de la revanche des "Classicos" sur les rockers.
Alors de fil en aiguille, je tombe sur Grandbrothers puis Niklas Paschburg et Poppy Ackroyd, et tant d'autres qui m'ont moins ébloui.
Jusqu'à Go Go Penguin qui me ramène à Portico et surtout E.S.T.
Je me plaignais en 2018 d'avoir connu peu de surprises musicales et me voilà déjà comblé pour 2019 !