My song : "La route" - Charlélie Couture - 1982
Encore une chanson qui me fait pleurer sans raison ! (relire ici)
Rien que d'essayer de la chanter en même temps que CharElie, ma gorge se serre, les larmes me montent aux yeux. Ça commence à "pisser sur une fourmilière" !...
Depuis quand ? Pas depuis que je la connais – c'est à dire... 1984 ? Ça faisait déjà deux ans que le disque était sorti quand je l'ai entendu chez Patrick, un copain de fac. Moi, à cette époque, CharlElie, c'était "l'avion sans aile" et le disque dont il est extrait.
Petit à petit, j'ai commencé à écouter le reste. Son album précédent (avec "les Anglais en vacances" et "la ballade du mois d'août 75", lacrymale elle aussi). Puis celui-ci, puis le suivant. Et ceux d'après. J'ai décroché après 1988 et sa période Melbourne. Mais j'ai déjà raconté ça ici.
Donc "la route".
Qu'est-ce que ça peut bien m'évoquer ? Kérouac ? Jamais lu ! Le stop ? J'en ai fait deux fois, ça a suffi à me vacciner. La rando ? Je m'y mettrai peut-être un jour... Varda peut-être. Son film "Sans toit ni loi" avec la lumineuse Sandrine Bonnaire m'avait donné un sacré coup de massue en 1985. Mais jouait-elle vraiment le rôle d'une routarde, d'une Beatnik au sens "historique" ?
Alors je ne sais pas.
Des images fortes, comme CharlElie sait en distiller dans ses textes – de cette époque-là du moins. Qui racontent toujours des tranches de vie, des personnages plus ou moins ordinaires.
Dans celle-ci, je vois le bonhomme allongé dans l'herbe, cueillant un fruit, croquant une tomate. C'est mon côté rural, hérité de "La Gaudière"...
Bref, ça me parle.
Mais pourquoi pleurer ? Je ne trouve pas ça triste mais je pleure.
De bonheur ?
La route - Charlélie Couture
Crever de soif dans la rocaille
Plonger à poil dans les torrents
Marcher dans l'herbe jusqu'à la taille
Et avaler de la poussière
Pisser sur une fourmilière
Il prend son temps, des ampoules aux talons.
Et y'en a qui courent comme des coupables
Y'en a qui roupillent comme des lézards
Lui il savoure l'inexplicable
Il fait la route comme un pèlerin
Et il continue, il continue
Les yeux ouverts sans ticket de retour
Et tendre le pouce assis dans la mousse
Coucher sur la paille avec une odeur animale
Comme un nomade en rade, un croisé sans croisade
Et pas de plan et pas de bataille
Il a lâché le gouvernail
Et sa barque dérive au gré des courants nonchalants
Il veut pas succomber comme une branche qui va tomber
En attendant la retraite avec une bouillotte électrique
En regardant par la fenêtre comme un bernard l'hermite
Y'en a qui discutent et qui feront jamais rien
Y'en a qu'on pas de but et qui disent y'a rien de bien
Mais on est si petit devant la montagne.
Et se laver dans l'eau froide des fontaines
Et gagner trois ronds ici en boulot saisonnier
Tout devient possible quand on n'est pas attaché
Et s'arrêter pour croquer une tomate
Ou un bout de fromage un canif à cinq lames
Dans le fond de la poche et pas de comptes à rendre
Il fait de mal à personne naïf et utopique
Il préfère faire la route, faire la route sans éthique
Il est jamais sorti de ce vieux rêve beatnik
Il donnerait le peu qu'il a plutôt que de se battre
Il a pas peur d'être pauvre
Y'a pas de frontière la nuit sous l'étoile polaire
On devient si vite l'esclave de ses esclaves dit-il
Il préfère la route collée à ses semelles tant qu'il n'a pas de rhumatismes
Il préfère la route la route la route
la route la route la route la route
la route la route la route la route...