La dent dure ?
Tiens, je vais parler de mes dents, ça faisait longtemps. Il faut dire qu'il m'est encore arrivé ce 8 août un truc très désagréable, je devais en avoir une contre quelqu'un. En tout cas voilà-t-y pas qu'une de mes couronnes s'est cassée. La molaire en question a ballotté dans ma bouche toute la journée, retenue pas je-ne-sais-quoi et je n'osai pas tirer dessus. J'ai donc jeûné ce dimanche, n'avalant qu'un yaourt, un peu de compote et puis de la crème de marron (pour tenter de me réconforter).
Il faut reconnaître qu'entre 15 et 20 ans, me brosser les ratiches ne faisait plus partie de mes rituels : je me levais au dernier moment pour partir au lycée (puis à la fac) sans même déjeuner.
Evidemment ça n'a pas loupé : à 18 ans, une première dent s'est cassée à cause d'une carie alors que j'étais en train de manger une figue sèche (un autre de mes petits plaisirs).
Après moult péripéties (et malgré un retour à de bonnes pratiques), j'avais jusqu'à dimanche la bouche ornée de deux couronnes dont une grise bien brillante. (Je n'avais pas les moyens pour camoufler.)
Les dents, c'est ma hantise. Déjà que mon hypodontie (relire ici) me donne un faux air de Laurent Voulzy (le talent et le charme en moins), je cauchemarde régulièrement que je les perds toutes. Il paraît que ça a une signification sexuelle (merci Freud). Moi je trouve ça plutôt flippant.
Et le souvenir de "Marathon man" et de "la ballade de Narayama" me glace encore aujourd'hui.
"Le détail de la scène de torture dentaire sans anesthésie et à coup de perceuse de Marathon Man a traumatisé sans exception tout patient digne de ce nom. On vous épargne le travail d'orfèvre, la réplique ironique devenue culte du tortionnaire, les hurlements de la victime..."
Laetitia Ratane le 10 avr. 2018 sur allociné.fr
"L'intrigue se déroule au cours du XIXème siècle dans un petit village isolé situé dans les montagnes japonaises où la misère et la famine sévissent. Depuis des temps ancestraux, une croyance se perpétue dans cette communauté : à soixante-dix ans, la personne est considérée comme une charge et devient uniquement une bouche à nourrir. Elle doit alors être conduite au sommet de la montagne où, abandonnée de tous, elle se laissera mourir au milieu de ceux qui l'ont précédée. Dans la famille Orin, la vieille mère arrive au bout de son parcours. Elle se soumet à cet usage, se casse les dents et se prépare à ce dernier voyage qu'elle fera accompagnée de son fils."
(Critique publiée par Gérard Rocher le 14 décembre 2013 sur senscritique.com)
dessin de Zaïtchick d'après Marathon man
Donc le lendemain, me voilà en urgence chez la dentiste. Le verdict tombe assez rapidement : soit elle m'en pose une fausse sur pivot (qui tiendra d'après elle entre 3 et 5 ans), soit elle m'enlève tout de suite ce qui en reste !
Mon cauchemar se précise mais je préfère repousser l'échéance à trois ans : à la soixantaine sonnée, ça me paraît (mais que dirai-je dans trois ans ?) moins traumatisant.
Et de toute façon, je n'aurai toujours pas 10000 balles à investir dans un implant. Me voilà donc parti pour deux autres rendez-vous en août. Et moi qui ne savais pas quoi faire de mes vacances…
Il y a des jours où j'aurais préféré être une bestiole genre ce pangolin qu'on décrie tant. Mais après tout, c'est bien ma faute. Bon, un peu aussi celle de parents qui auraient bien pu se battre un peu avec leur ado négligent.
"Le pangolin, du malais pangolling, qui signifie à peu près "pangolin", est un mammifère édenté d’Afrique et d’Asie qui se nourrit de fourmis et de termites. Il mesure un mètre. Son corps est pourvu d’écailles très très belles et il ne ressemble pas du tout à un artichaut. Sa queue s’arrête juste bien quand il faut, c’est formidable."
Pierre Desproges - Les chroniques de la haine ordinaire - 19/03/1986
Sanseverino - Les bourre-pâtes et les tire-nerf
Henri Salvador & Boris Vian - Blouse du dentiste