Au Festival Photo de La Gacilly - Dimanche 5 juin 2022
Ce n'est même pas moi qui ai eu l'idée. Pourtant Peter Binder m'avait envoyé un mail quelques jours avant, pensant que je ne connaissais peut-être pas ce festival. En tout cas je comptais garder cette visite pour plus tard dans l'été mais bon, pourquoi pas ? Comme d'habitude, nous n'avions rien prévu pour ce long week-end et Béa avait autre chose à faire que de la musique.
Donc ce dimanche, nous voilà partis vers 13h30 et arrivés sur place à 14h50, pas un chat sur la route.
On se gare facilement près de l'église et je commence par mon "pèlerinage" auprès de mon hangar gacilien préféré (relire ici et ici).
Puis nous nous dirigeons vers l'accueil pour récupérer le plan des expos. Au passage, nous nous arrêtons enfin chez ce bricoleur inspiré qu'on avait toujours boudé les fois précédentes. Erreur !
J'ai l'impression d'être en terrain familier, un univers entre ceux de Christian Voltz, Didier. et même Claude Ponti. Tout cela est vraiment très sympa.
Après avoir récupéré le plan, nous commençons par admirer les premières superbes photos géantes de Maryam Firuzi. Nous verrons en tout quatre séries de femmes iraniennes. Mises en scène très léchées et très esthétiques, c'est culotté, intelligent, ça fait réfléchir.
Puis nous traversons l'Aff vers le numéro 1 sous les arbres. Les photos en noir et blanc d'Abbas ne sont pas très bien mises en valeur (à mon goût) par les moches clôtures de bois. Mais certaines sont vraiment superbes, notamment celle de cet arbre.
Les secteurs 2 et 3 ne me laisseront pas de grands souvenirs. Comme je l'ai déjà écrit l'an dernier, je ne nie pas la valeur de la photo documentaire militante et dénonciatrice mais ce n'est pas ce qui m'attire de prime abord.
Nous repassons (sans nous arrêter !) devant le centre Yves Rocher et arrivons au secteur 4 devant les (également) magnifiques photos taille XXL de Fatimah Hossaini.
Je suis littéralement hypnotisé par celle de cette femme maquillée qui fume à la portière de sa voiture.
Fatimah Hossaini - "Sous le voile"
"Portraits de femmes issus des différentes ethnies d’Afghanistan : Pachtounes, Tadjiks, Hazaras, Qizilbashs ou Ouzbeks, vêtues de leurs costumes traditionnels"
Nous retraversons la rivière et "oublions" de nous diriger vers les espaces 5 à 9 ! Nous remontons vers le centre et les autres séries de Fatimah Hossaini (16).
Les espaces 14 et 15 ne sont pas passionnants non plus. Maxime Taillez a beau être là en personne pour présenter ses "frontières", je ne suis emballé ni par ses photos ni par ses propos.
Dans la rue Saint-Vincent, les photos en noir et blanc d'Antonin Borgeaud prises sur les îles du Golfe du Morbihan sont assez chouettes et donnent envie de les faire toutes. (Les îles !)
Nous arrivons dans le secteur 11 dit "le garage". La première expo présente de grands noms de la photographie autour du thème de l’arbre, sous l'égide de Reporters Sans Frontières.
Entre les photos géantes et celles plus petites, beaucoup de belles choses : olivier, arbres en flammes en Australie… J'avais eu peu avant l'idée de reprendre moi-même ma collection d'arbres après les avoir délaissés un peu trop longtemps. Loin de vouloir rivaliser avec ce niveau de qualité, je me promets de m'y atteler.
Dans le même espace, une expo de Stephan Gladieu présente des "Homo Detritus" assez rigolos si le sujet n'était pas si grave.
"Dans la capitale de La République Démocratique du Congo (ou Congo Kinshasa), les bidonvilles croulent sous les déchets en tout genre. Des Homo Détritus évocateurs d’un mal moderne : celui de la vanité de la surconsommation."
C'est la force de l'art de nous étonner et nous bousculer pour nous faire réfléchir.
Nous passons rapidement par la venelle du Courtil Saint-Vincent (12) puis la venelle de Vaugleu pour rejoindre "la prairie" où il nous reste à voir les expos des espaces 5 à 9. Nous sommes à contre sens de la foule car il y a en effet pas mal de monde en ce dimanche, et ils ont eu raison (comme nous) : j'avais envisagé un moment de reporter la visite au lendemain matin pour disposer de plus de temps mais la pluie s'est invitée ce lundi de Pentecôte.
Dans l'espace 9, belle expo de Gabriele Cecconi
"Le photographe italien Gabriele Cecconi a voulu raconter les conséquences écologiques et environnementales de la crise des réfugiés Rohingyas du Myanmar (Birmanie) au Bangladesh."
Bon, c'est cafard mais avec des (petits) morceaux d'espoir aussi.
A l'espace 8, les seules photos qui retiennent vraiment mon attention sont celles de Gohar Dashti.
"Dans un champ de bataille fictif, je montre un couple dans son quotidien : il représente le pouvoir de la persévérance, de la détermination et de la survie." (“Today’s Life and War” - 2008)
Le petit côté "humour noir - désespéré" convient bien à mon état d'esprit habituel.
Quelques belles photos de Véronique de Viguerie dans l'espace 7, pas très optimistes là non plus.
Dans les espaces 5 et 6, confrontation douloureuse entre les photos récentes d'Afghanistan réalisées par Shah Marai & Wakil Kohsar dans les années 2010 et celles de Paul Almasy qui illustrent le pays au début des années 1960. Même si ces dernières paraissent également d'actualité notamment par le dénuement dans lequel vivent ces gens, il y a une différence de taille : il y a 60 ans, les filles ne sont pas voilées et côtoient même les garçons en classe !
Un peu groggy, nous remontons vers le parking de l'église. Les cafés sont plus que pleins, on ne boira même un coup pour aider à la digestion !
Nous finissons par l'expo des collégiens du département toujours pleins de bons sentiments. Ce n'est pas passionnant mais je retiens l'idée de je-ne-sais-plus-quel-collège d'utiliser des cadres vides pour créer un "cadre dans le cadre". Idée rebattue sans doute, mais que j'aimerais assez expérimenter moi-même.
Vers 18h, nous repartons vers Lorient, pas le temps de pousser jusqu'à Redon cette fois, mais c'est ma faute : j'étais pourtant levé tôt ! Evidemment ça fait 240 bornes pour 3 heures de visite, à l'heure du changement climatique et de l'augmentation inéluctable du prix des carburants. Du luxe ou de la gabegie ? Sans doute, et ce festival a peut-être du mouron à se faire. C'est bien pour ce village, mais à des lieues de tout et mal (ou pas ?) desservi par les transports en commun, pourra-t-il perdurer sans alternative à la bagnole individuelle ? Position difficile à tenir pour le parti pris militant qui expose les ravage de l'Humain sur la planète : destruction des paysages et des économies par l'extraction de matières premières et la production croissante de déchets – sans parler de la misère et de la condition encore moins enviable du genre féminin.
Je lui souhaite de trouver des réponses à ses contradictions car nous avons par ici peu d'occasion de visiter de tels lieux.
Tiens, le même cageot de fruits et légumes "Monna (?) Lisa" que celui que Béa m'a donné pour dessiner mes "Qu'a Jo ?".