Tôt n'erre : de Brest… conclusion (provisoire !)
Clet, toujours un peu présent à Landerneau malgré les années.
J'en arrive donc au terme de ces trois jours passés à Brest, Morlaix et Landerneau. Mais avant le clou final, quelques petites choses dénichées à Landerneau-la-trop-sage qui ne jure que par sa Fondation Leclerc.
Loin de moi l'idée de la dénigrer : j'y ai vu de magnifiques choses (Bilal en 2020 et Ernest Pignon Ernest cet été 2022).
Pour le reste, c'est encore très timide, du moins dans le centre. Discret, mais vaguement subversif comme l'est (devrait l'être ?) le graffiti.
Bretonne toujours pas agréée par la municipalité, et rien trouvé sur ce Palto et ses carreaux de faïence.
Rue Lafayette, les potelets de la dernière fois ont enfilé un nouvel habillage.
Sourire coquin d'Amélie : la technique du pochoir - même assez sommaire comme ici - reste une de mes préférées.
Mais revenons à nos moutons : les fresques "officielles" semées dans la baie de Morlaix. Et là, c'est du "lourd" qui nous attend !
Styler ( João Cavalheiro) - Regard et hirondelles - Henvic (29) - Juin 2022
Nous filons tout d'abord sur Henvic, au nord-ouest de Morlaix, guidés par le GPS. Arrivés dans le bourg, rien. Nous continuons en direction de la mer, et là, le GPS nous dit de faire demi-tour ! Nous sommes passés sans la voir, il faut dire que ça manque de recul dans le virage serré. Nous nous garons et restons de longues minutes à nous extasier. L'œil magnifiquement détaillé avec le reflet (l'intérieur de la maison ?), si réaliste...
Et puis l'hirondelle qui vole vers nous, si près que son aile gauche est floue (volontairement !), comme trop loin pour la profondeur de champ réduite de nos propres yeux. C'est tout simplement à tomber.
Dans le livret 2022 de Morlaix Arts Tour
Etape suivante : Primel, petit bourg côtier sur la commune de Plougasnou au nord-est de Morlaix. Il y a beaucoup d'estivants et nous avons la chance de trouver rapidement une place de stationnement. L'œuvre de Leon Keer, telle un immense panneau publicitaire, envahit le pignon d'une belle bâtisse.
Leon Keer - Kit de secours - Plage de Primel - Août 2021
Il s'agit d'un sachet de jouets de plage, les trous pour l'accrocher épousent 2 œilletons dans l'étage supérieur, ce qui accentue encore l'illusion de relief. Quand on se déplace latéralement, on a vraiment l'impression qu'il s'agit d'un sachet réel ! La technique est époustouflante, c'est humoristique, c'est intelligent et même un brin sarcastique dans ce lieu.
Dans le livret 2021 de Morlaix Arts Tour
"A deux pas de la mer, l’artiste nous laisse un kit de secours, avec quatre bateaux de sauvetage prêts à partir pour secourir qui en aurait besoin." (lu sur le site Trompe l'oeil)
C'est même tellement bien réalisé que quelques estivants intrigués de nous voir regarder en l'air et prendre des photos s'arrêtent eux aussi : aucun n'avait remarqué qu'il ne s'agit pas d'une vulgaire affiche publicitaire !
Elle a pourtant eu du succès et s'est vu récompenser du titre de "plus belle fresque trompe-l'oeil de France 2021". Ce qui plus qu'amplement mérité !
Conclusion de la conclusion (provisoire, puisque nous y reviendrons, ne serait-ce que pour celles que l'on n'a pas vues).
J'ai été fortement impressionné par ces deux dernières trouvailles, mais aussi par beaucoup d'autres sur Brest et Morlaix. Les dimensions, le soin de la réalisation, la qualité d'ensemble. Je ne peux pourtant m'empêcher de penser que tout cela reste bien sage, sans beaucoup de provocation. A Landerneau, l'expo nous aura montré qu'un Ernest Pignon-Ernest a (eu) des prises de positions bien plus radicales (voire politiques). Pas grand chose de cela à Brest ou Morlaix. Lors d'une discussion avec "Monsieur Pascal" de la Galerie Jumble, il m'avait semblé qu'il accordait peu d'importance à l'aspect "graffiti sauvage" du street art, et nous étions plus ou moins tombé d'accord. Ne serait-ce que pour condamner ceux qui gribouillent leur blaze vite fait au marqueur ou à la bombe sur le mur que tu viens de repeindre. Entre ces deux aspects du "street art" ("de l'art urbain", selon lui), il y a sûrement une grande marge. Mais la contestation et le mauvais esprit ne sauraient être (trop) oubliés sans le risque de tomber dans le "décoratif".
Alors s'il n'est pas question de bouder mon plaisir (j'en aurai pris plein la vue), je remercie Leon Keer pour cette dernière impression : lui ne fait pas (que) dans "le joli" !