Saint-Nazaire (4) : les bords de Loire
(pour le début, voir ici)
Cette deuxième journée sur Saint Nazaire – ouais ben la chronologie hein… - devait nous reposer de notre pérégrination pédestre de la veille dans la ville. Elle a repéré plein de petites choses à voir dans les environs. Le circuit promet d'être assez long puisqu'il nous emmènera quasiment jusqu'à Nantes (70km) mais des deux côtés de la Loire.
La Loire - le plus long fleuve de France - prend sa source au Mont Gerbier de Jonc en Ardèche… et se jette dans l’océan à Saint Nazaire.
Dans cet estuaire que la Loire rejoint l’Atlantique, l’eau douce se mélange au sel. La couleur de l'eau (à Nantes en tout cas) est surprenante.
Le pont de Saint Nazaire - symbole de la ville - enjambe l'estuaire de la Loire et relie depuis 1975 Saint-Nazaire sur la rive droite au nord (le quartier de Penhoët), à Saint-Brévin-les-Pins sur la rive gauche au sud.
Avec ses 3 356 m, c'est le plus long pont de France.
C'est un pont à haubans multicâbles en éventail assez photogénique.
Nous l'empruntons donc pour finir notre "Voyage à Nantes" de l'an passé.
Il nous restait à faire le parcours Estuaire, le long de la Loire : un parcours atypique entre réserves naturelles et lieux industriels.
Une fois passé l'impressionnant pont, nous voilà à la pointe sud de l'estuaire, à l'entrée de Saint Brévin. Quel choc que ce serpent gigantesque ! Nous ne nous lassons pas de tourner autour. (Façon de parler : on n'est pas allé dans l'eau non plus !) D'ailleurs malgré l'heure matinale, nous ne sommes pas les seuls. Un couple de photographes a installé son matériel afin de profiter de la marée basse et de la belle lumière.
C’est à la pointe du Nez de chien (quartier Mindin de Saint-Brévin-les-Pins), que l’immense serpent de mer de Huang Yong Ping étale son squelette sur l’estran. Avec sa gueule grande ouverte et sa colonne arquée, le Serpent d’Océan semble presque vivant.
Il nous est difficile de nous arracher au spectacle de cette bête fantastique. Un petit tour au marché de Saint Brévin nous aidera à calmer nos émotions.
Arrivée à Paimbœuf, village de pêcheurs et ancien avant-port de Nantes au riche passé maritime, nous déambulons sur le long quai de la Loire avec ses maisons aux façades colorées jusqu'au Jardin étoilé de Kinya Maruyama. Balade ensuite dans les rues, ruelles et passages étroits.
On ne peut pas dire que le village soit très animé. Beaucoup de maisons semblent assez décrépites, quasiment à l'abandon. Je ressens la même atmosphère que dans le bled de Tata Alice, au fin fond de la Vienne. Nous ne sommes pourtant pas si loin de Saint Nazaire ou même Nantes.
Son long quai bordé de maisons colorées et d’ateliers d’artistes a une petite ressemblance avec Trentemoult, autre petit village de pêcheurs près de Nantes.
Le long du fleuve, on découvre des bateaux à quai, un phare, et une vue imprenable sur les cheminées de la raffinerie de Donges sur la rive opposée.
A Paimboeuf, nous avons presque l'impression de nous retrouver en terrain connu. Le petit port nous rappelle ceux de par chez nous, et la lumière encore douce attire l'objectif. Seule différence notable : nous ne sommes pas à la mer, et la rive d'en face nous le rappelle. La raffinerie de Donges paraît incongrue et menaçante. (Vous en entendez parler à chaque manif de routiers…)
Nous arrivons au Jardin étoilé, lieu imaginé par Kinya Maruyama.
Cette construction en bois et métal - espace de jeu plutôt atypique - détonne un peu dans le paysage. D'en haut, point de vue sur la Loire.
L'expo à l'office de tourisme - "les Estuariens" de Marion Cicéron - me laisse un peu froid. L'idée de sculpter du bois flotté n'est pas nouvelle ni inintéressante, mais je reste un peu sur ma faim. Trop de transformations, à mon goût, des formes originales. Et les couleurs parfois clinquantes aussi. Seules ces quatre-là auront mes faveurs. Les façades de style art brut auront notre préférence.
De Paimboeuf, nous avons décidé de nous rendre de l'autre côté de la Loire, du côté de Couëron pour y voir "La maison dans l’eau". La marée sera basse dans le milieu de l'après midi, et vue l'heure, nous y serions un peu trop tôt en passant par Nantes. Nous rebroussons donc chemin et repassons par le pont de Saint Nazaire. Elle a repéré un observatoire à Lavau sur Loire, et nous y arrivons vers 12h30.
Nous retournons sur le pont de Saint-Nazaire pour rejoindre Donges.
Nous roulons près des chantiers navals et des impressionnants terminaux portuaires : rouliers, méthaniers, charbonniers, sabliers, conteneurs, pétroliers, agroalimentaire, frigorifique, fruitier, colis lourds, réparation navale. Les terminaux se succèdent en remontant la Loire.
Destination suivante : le village de Lavau-sur-Loire, autre ancien port de la Loire (dont le fleuve s’est éloigné avec le temps) pour aller voir l’observatoire de Tadashi Kawamata.
L’artiste a créé un chemin, une longue passerelle en bois dans la végétation, qui part du village et arrive au bout d'un kilomètre à un observatoire. Une fois monté à l'étage, on surplombe les marécages pour découvrir un nouveau point de vue sur la Loire. Il fait chaud, et une fois la distance parcourue, on reste un peu sur sa faim…
Après une "promenade" de 25 minutes (sous le cagnard) sur une passerelle parmi les roseaux, nous y voilà. Quelle déception ! C'est vrai qu'il n'est plus l'heure d'observer des oiseaux, mais de là à appeler ça une œuvre d'art ! La vue est plate (quelques vaches, quelques éoliennes…) Beaucoup de route pour pas grand-chose ! Je me rattrape sur une vieille citerne qui traîne là…
Demi tour, donc. Nous revoilà sur le parking, il est temps de boire un coup et d'avaler la banane et les abricots du déjeuner. Nous sommes garés près d'une crêperie un peu décrépite sur laquelle on devine encore l'inscription "la maison du port". Nous ne savons pas encore que nous la reverrons… Rond point original et "tricot" - on dit "yarn bombing" ! - sur les arbres. Bon, on est reparti, direction Cordemais et sa " villa cheminée".
En route vers Cordemais et les trois hautes cheminées rouges et blanches… de la centrale thermique.
Tout près… une quatrième cheminée, la Villa Cheminée de Tadzu Nishi. Au sommet, une maison des années 70 avec un petit jardin. Le tout est perché à 15 mètres de hauteur ! Elle fait office de gîte, il est possible d'y passer la nuit, en réservant au moins un an à l'avance paraît-il !
Pas facile à trouver, la bestiole, complètement perdue au fin fond de rien, il faut d'abord oser contourner la gigantesque centrale électrique !
Bon, c'est plutôt sympa, avec les couleurs qui rappellent les cheminées de la centrale. Et puis cette petite bicoque toute simple perchée en haut de cette espèce de phare, ça a un petit côté surréaliste.
Nous reprenons la route vers Couëron. Cette route commence d'ailleurs à me gonfler un peu. La chaleur ? La fatigue ? J'étais plein d'entrain ce matin après le serpent et Paimboeuf mais là, mon enthousiasme s'émousse. Heureusement, ça valait le coup de se déplacer, même si on en est un peu loin, de l'autre côté de l'eau. Je me console en me disant que l'autre rive est sans doute inaccessible, et que cette étrange bâtisse qui penche dangereusement est tout de même bien tournée par ici ! Ce petit air familier… Elle a dû m'en montrer des photos l'an dernier lors de notre "voyage à Nantes". Mais en fait, ce n'est pas ça. C'est encore elle qui trouvera la réponse : il s'agit d'une réplique de "la maison du port" aperçue ce midi !
Sur le bord de la Loire, le site autrefois industriel a été réhabilité. On y trouve la médiathèque de Couëron et une impressionnante Tour à plomb.
La maison dans l’eau est là devant nous, sur l'autre rive, penchée, enlisée dans la vase du fleuve. La Maison dans la Loire - réplique de la "Maison du Port" de Lavau-sur-Loire - a été réalisée par Jean-Luc Courcoult le fondateur de la compagnie Royal Deluxe - les Géants.
Notre parcours Estuaire se termine ici. Il fait encore très chaud ! Nous retournons donc à Saint Nazaire par la RN 165 cette fois-ci.
Bon, maintenant, c'est marre, on rentre !. Et c'est ce soir que nous dînerons au Restaurant Le Transat (vous aurez du mal à retrouver l'ordre dans tout ça !) pour nous remettre de cette boucle en demi-teinte : beaucoup de temps et de route. On aurait peut-être dû la faire en deux fois… en évitant l'observatoire de Lavau !
Le récit de ce voyage s'achève ici. Trois jours somme toute très agréables, des souvenirs plein la tête et une belle moisson d'images, de riens, mais qui font les vacances.
Nous nous arrêterons au retour à Redon – une demie heure suffira à en faire le tour ! – et surtout à La Gacilly et son festival de photos. Un peu trop crevés et abattus par la chaleur pour en profiter vraiment, nous nous promettons d'y revenir l'an prochain. Le peu qu'on en a vu met l'eau à la bouche et donne l'envie de faire encore plus de photos !