Une année à m'marrer bas (104)
Half Moon Run - No more losing the war
Bande dessinée, musique, photo, street art, école, et le reste
Half Moon Run - No more losing the war
Everything But The Girl - Bittersweet
En cette dernière année, je sens bien qu'un chapitre de ma vie va se terminer et que je ne vais pas tarder à plonger dans le grand bain, avec l'impression d'en ignorer tout.
Mais il me reste à me débarrasser de ce fichu service militaire. Je ne me vois pas jouer les idiots ou les asociaux pour me faire réformer "P4" : trop peur d'être un piètre acteur et de me faire envoyer à Laon dans les chars comme Jacques en 82. Alors je vais passer une audition dans ma future caserne histoire d'être au moins à Rennes.
En mai, Picolo me fait rencontrer "Mad" et Lionel qui ont un projet de "conte musical pour enfants" dans le cadre de la formation. En fait, ça dérape assez vite. Marc a un talent incroyable dans l'écriture et leur duo guitare-chant fait mouche. Comme l'animateur audio-vidéo leur propose un enregistrement "propre" de leurs compositions, ils font appel ) Béa au saxo et à moi à la guitare et à la clarinette. Une dizaine de chansons (dont deux de Lionel) sont mises en boîte, et une complicité musicale de 7 ans (et même plus) commence là.
En juillet, Picolo me fait recruter pour un camp d'ados et je fais la connaissance de "Chef", le directeur et Maryse. J'apprends l'origine du surnom de "Picolo" et ce n'est d'ailleurs qu'à ce moment-là que je commencerai à l'appeler comme ça. Nous partons pour la Turquie en car (!), voyage interminable par Venise et la Yougoslavie que je retrouve avec plaisir. Après une étape sur l'île de Thassos, nous arrivons enfin à Istanbul et c'est un choc pour moi.
A peine rentré, me voilà parti pour deux mois à Dinan faire le gugusse dans les bois et marcher au pas en tournant en rond dans la cour de la caserne. Comme il n'est pas question que je me rase tous les jours, je profite du droit de garder la barbe, ce qui me fera parfois prendre pour un "engagé", inspirant le respect à certains et le dégoût absolu à d'autres (dont moi-même). Fin septembre, je reviens enfin à Rennes mais trop tard pour le mariage de Jacques.
La piaule de six, je n'ai pas vraiment l'habitude mais heureusement, les cinq autres sont plutôt sympas. Tous clarinettistes comme moi, on est de répétition tous les matins dans une salle et dans la cour tous les débuts d'après-midi. Le reste du temps, on est censé travailler notre instrument et les partitions. Je me mets (comme les autres) à la sieste, et je n'aurai jamais autant lu que "cette année-là".
Je sympathise avec Guy, et aussi Yannick, un trompettiste (relire ici) avec lequel je vais boire des coups dans le centre dès 18h après le dîner. (On mange tôt dans l'armée comme à l'hôpital…) Il n'a que 18 ans mais déjà une solide formation musicale et donne souvent des cours ou des concerts à Nantes, (comme Guy d'ailleurs mais lui c'est au Mans), et dans ces cas-là, je passe mes soirées seul aux Caraïbes. Il me fait découvrir le jazz et je fume aussi quelques joints en sa compagnie pour oublier le temps qui ne passe pas. Je m'ennuie vraiment beaucoup mais par chance, nous avons tous nos week-ends (sauf quand on va faire les marioles à Coëtquidan ou dans une école de sous-officiers à Bourges…). Ma mère m'a trouvé 9 (!) élèves pour faire du soutien en maths, et même une en première C pour faire de l'anglais ! Je m'amuse bien à lui préparer cette heure grâce aux revues Mad et Time et aussi les chansons de Sting, qui a une articulation parfaite pour les novices en anglais. Et puis ça me fait suffisamment d'argent pour compléter ma "solde" de 500 francs, et je vais pas mal au ciné aussi.
Le Rige - Loisel & Le Tendre
Calvin and Hobbes - Bill Watterson
Gaffes et gadgets - Franquin, Jidéhem et Yvan Delporte
Le jeune Albert - Chaland
La rose pourpre du Caire - Woody Allen
Brazil - Terry Gilliam
Sans toit ni loi - Agnès Varda
Le bar "les Caraïbes" était un endroit sympa fréquenté par des étudiants. Ma timidité - et ma coupe de cheveux - m'ont empêché de tenter de m'y faire des connaissances. Alors comme avec Jacques en 82, je passais mon temps à regarder les gens. Il y a avait de la bonne musique, aussi. C'est là que j'ai entendu "Everything But The Girl" pour la première fois.
J'y suis même tombé un soir sur Anne et Patrick (relire 1980 et 1981), mais j'ai bien senti que ce n'était plus comme avant.