Mes chansons de Michel Jonasz
A la suite de ma discussion avec Thierry, j'ai continué à chercher à associer musiques et sentiments, impressions. J'avais une ou deux idées bien avancées, quand je suis repassé devant l'atelier de Marc Vioulès samedi matin.
Ah ! Des nouveautés en vitrine ! Sur quel thème ? Tiens, "les vacances au bord de la mer"… comme la chanson de Jonasz. (Mais il y a trop de reflets, impossible de prendre la photo.) Et plus loin, "les fourmis rouges" ! Ce n'est pas un hasard ! Et là, elle me dit que Jonasz est passé à l'Océanis hier…
Jonasz… Comment ai-je pu ne pas encore l'évoquer ici ? Peut-être parce qu'il sort moins souvent du tiroir à CD. Et pourtant… ce tableau a suffi à me donner l'envie de le réécouter, et c'est le même enchantement qu'il y a… 30 ans !
J'ai suivi un peu sa discographie depuis, mais n'ai pas été convaincu. Pas comme avec ces "fourmis rouges", par exemple.
Bon, il faut le reconnaître : ses textes ne sont pas d'un optimisme délirant ! Mais – pour une fois – je les apprécie autant que la musique, qui les sert magnifiquement. Il a un don pour raconter ses malheurs sans pathos, avec des images tellement bien choisies, et dont on peut se demander d'où il les a sorties ! ("Qu'est-ce que j'vais faire, j'deviendrai quoi ? Un épouvantail, un grain de pop-corn éclaté avec une entaille…")
"Je voulais te dire que je t'attends", "Dites-moi", "J't'aimais tell'ment fort que j't'aime encore", et puis le fantastique "J'veux pas qu'tu t'en ailles" (surtout en live, et dont est tirée l'image ci-dessus), qui pour moi dépasse presque en puissance le "Ne me quitte pas" de Brel.
Ce gars-là est un vrai bluesman : le talent de te faire virer sur ses déconvenues ! D'ailleurs écoutez donc aussi "Du blues" ou le génial "Joueur de blues".
Parfois, il est un peu plus confiant en la vie : "La boîte de jazz", "Golden Gate", "Ray Charles", "Mister Swing", "Super nana"… Mais en écoutant bien, on décèle toujours au minimum un petit fond de mélancolie.
Ma compil contient une trentaine de chansons, aussi fortes les unes que les autres, de 1974 à 1990, dix-sept années qui m'ont marqué, et ça dure !
Visiblement, Marc Vioulès n'y est pas insensible non plus.
Merci à tous les deux !
Michel Jonasz - Les fourmis rouges - 1981
Quand y aura plus sur la terre que du beurre fondu
Avec le dernier soupir du dernier disparu,
Dernier boum d'la dernière guerre,
Dernière ville sous la poussière,
Et dernier espoir perdu.
Ce chemin vert sous les arbustes est protégé
Par les premiers soupirs des tout premiers baisers,
Premier mot d'la première heure,
Première minute de bonheur,
Premier serment partagé.
Tu t'rappelles on s'était couché
Sur un millier de fourmis rouges.
Aucun de nous deux n'a bougé.
Les fourmis rouges.
Est-ce que quelque chose a changé ?
Couchons-nous sur les fourmis rouges
Pour voir si l'amour est resté
Et voir si l'un de nous deux bouge,
Couchés sur les fourmis rouges.
Tu n'auras jamais peur du vent qui souffle ici.
Pour les scorpions te fais pas d'soucis.
Les mauvais chagrins d'hier
Les orties dans les fougères
Quand on s'aime ils nous aiment aussi.
Ce chemin sous les arbustes nous connaît bien
De nos tout premiers rires c'est le premier témoin
Refuge de la dernière heure
Et dernière tâche de bonheur
Aux premiers signes du destin
Tu t'rappelles on s'était couché
Sur un millier de fourmis rouges.
Aucun de nous deux n'a bougé.
Les fourmis rouges.
Est-ce que quelque chose a changé ?
Couchons-nous sur les fourmis rouges
Pour voir si l'amour est resté
Et voir si l'un de nous deux bouge,
Couchés sur les fourmis rouges.
Michel Jonasz - Les Fourmis rouges