Rab(le) de lapins
Du troisième étage de mon clapier, il est temps d'en finir - momentanément ? - avec les lapins.
Même après les Lewis (Carroll et Trondheim) et Gilles Bachelet, le sujet est loin d'être épuisé : peut-être est-ce moi qui le suis ?
Mais ça y est, j'ai vu "Alice au pays des merveilles" de Disney. Ça ne m'a pas emballé plus que ça. Par contre, celui de Tim Burton est bien plus intéressant par le parti pris de "vieillir" Alice, et de faire de son périple un second voyage. Il m'a quand même laissé sur ma faim. Il reprend l'histoire 13 ans plus tard, après "De l'autre côté du miroir" que je n'ai toujours pas lu ! Alice ne se souvient pas de son premier "voyage", et ça, ça m'a furieusement évoqué "Hook" (La "suite" de Peter Pan", mais relisez plutôt la série de Loisel !). Il y a aussi une sorte d'oiseau assez terrible… mais qui pousse le même cri que les espèces de dragons dans "Le seigneur des anneaux" ! Tout cela manque de magie : après une première demi-heure assez prometteuse, on bascule dans ce qui s'apparente – pour moi – à de l'heroic fantasy mâtinée de dessins animés en 3D. Dommage !
J'ai également lu une version du livre magnifiquement illustrée par Arthur Rakham. J'ai bien aimé l'absurdité des situations, mais avec leur logique propre. Un peu comme dans mes rêves (quand je m'en souviens !). Pourtant j'aurais aimé - là encore, voir "Tulipe" - l'aimer davantage : suis-je trop "pollué" par les emprunts, les détournements, les films, les caricatures ?
En tout cas je me suis aperçu que nombre de ces "emprunts" mélangent "Alice…" et "De l'autre côté du miroir". Il me reste à le réserver à la médiathèque !
Je connais peu de lapins qu'on puisse vraiment prendre au sérieux en bande dessinée ou même dans la littérature pour enfants. Est-ce parce qu'ils portent en eux cette part d'enfance (le côté "peluche") qui l'empêche ? Je ne vois guère que ceux de Solotareff qui soient parfois graves. Mais tous ses personnages le sont souvent… Et les enfants aussi d'ailleurs, observez-les mieux !
Les autres lapins batifolent, courent en tous sens, "s'agitent dans le monde" apparemment sans autre but que de nous faire rire.
Cette légèreté n'est parfois qu'une façade : la bande dessinée animalière tout comme la littérature jeunesse sait se cacher derrière ses personnages pour faire passer quelque sens plus profond.
Comme ce petit lapin muet et triste chez Uderzo, clin d'œil ému à la mémoire son ami René Goscinny.
Cet album est le dernier de la série écrit par René Goscinny, mort pendant la réalisation de la BD. Il restait huit pages à Uderzo lorsque le scénariste est mort. Pour lui dire au revoir, Uderzo a dessiné dans la dernière case un petit lapin qui part en pleurant. Ceci est un clin d'œil au fait que Goscinny appelait couramment son épouse "lapaing" avec l'accent niçois. (sources diverses sur Internet)
Je vais donc quitter ici ces lapins, non sans citer ceux dont je n'ai pas eu le courage de parler plus longuement, et qui le mériteraient pourtant !
Pour tout savoir des ornements typographiques...
Mais il n'est pas dit qu'ils ne reviendront pas de temps en temps : je reste un fan de Lapinot, même s'il est peu probable qu'il vive un jour de nouvelles aventures - même rétroactives, il est mort, je le rappelle ! - sous la plume (ou le pinceau ?) de Lewis Trondheim.
Simon et les Modanais - Etoile des neiges