jouer sur les mots

L'un de mes grands plaisirs de l'année scolaire, c'est quand ils sont capables de chanter une chanson sans moi. Enfin juste avec l'accompagnement - piètre - de guitare. Je suis impressionné de constater comme certains, chaque année, développent leur sens de la musique, du rythme. Et une mémoire des paroles assez extraordinaire : bien obligés, ils ne savent pas lire !
Commencer au bon endroit - après ma pauvre intro -, à la bonne hauteur, dans le tempo. Ils ressentent aussi fortement ces moments : je n'ai rien à dire, ils ne chantent pas trop fort, s'adaptent aux variations de nuances, respectent le caractère de la chanson et ce petit silence de fin qui fait encore partie de la chanson : le bonheur d'être… en harmonie.

Bon c'est vrai la guitare, au début, ça les impressionne. Et pourtant… Vieille (1983 !), la table décollée recollée avec du Scotch®. Ça ne les empêche pas - pour une bonne moitié d'entre eux - d'en vouloir une pour Noël ! (Et je ne touche rien du père Noël…)

Et puis ils ignorent cette hérésie. Sur une chanson un peu plus rythmée, je gratte les cordes d'une guitare classique avec cet objet au nom de scandale : le médiator. (Celui que j'ai toujours dans la poche arrière de mon jean, avec mon crayon gris…)

J'enregistre toutes les chansons, mon but est multiple : qu'ils gardent un petit souvenir de ces moments, que ce soit audible, et qu'on entende le moins possible ma voix.

Il arrive même les jours de pluie que nous réunissions les élèves les 80 plus "grands" à l'heure où ceux qui déjeunent chez eux reviennent. J'ai mon petit répertoire de chansons de pluie. Ça ne marche pas toujours aussi bien qu'en classe (question d'habitude) mais il y a aussi de beaux moments.