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Deux semaines en ville(s) : Bordeaux, Porto, Bilbao (8)

Huit jours à Porto (2) : pavés et azulejos

Hormis la morue et les tramways, deux autres aspects typiques du Portugal me frappent : l'art du pavage de rue, et les fameux azulejos (dont je ne voudrais pas dans ma salle de bain) pour lesquels je me suis pris de passion l'an dernier à Lisbonne. (Il ne faudrait pas vieillir ?…)

A propos des pavés, je ne sais pas qui décide des motifs. Les ouvriers qui passent leur temps à genou dans les rues ont-ils un peu de latitude pour créer eux-mêmes ? En tout cas le résultat est le plus souvent un enchantement pour la vue, et je m'étonne que personne ne s'en inspire par chez nous.

Ceci dit, je fais le malin mais je ne me suis jamais renseigné ni sur ce point, ni sur la provenance des cailloux en question ou la manière de les tailler ou même de les disposer. Il me semble qu'ils reposent sur un lit de sable mais rien de certain.

Une autre chose m'étonne : pas un brin d'herbe entre les pavés. Est-ce que ce sable empêche toute pousse ? Ou alors ils sont nettoyés régulièrement. Et même pire : cette technique me paraît plus écologique que nos couches d'asphalte, mais ne déverserait-on pas des litres d'herbicide pour décourager les "jardins voyageurs" ?

Ayant peu de suite dans les idées, je me contenterai donc d'admirer cette forme de street art avant l'heure.

Porto - Jeudi 13 juillet 2023

Autre forme d'art de rue, les azulejos.
J'avais commencé une "collection" à Lisbonne en 2022, je décide de la poursuivre à Porto cette année.

(Ma collection "Porto 2023")

Je ne suis pas vraiment fan de ceux qui recouvrent les églises. Mais nous en avons admiré de magnifiques Rua de Dom João à la Bibliothèque municipale devant laquelle nous passions presque chaque matin : il était tentant d'y entrer.

Passé le hall d'accueil, on peut se diriger vers la galerie d'un ancien cloître dont les murs sont ornés de grands panneaux.

La plupart datent du XVIIème siècle et ont des motifs géométriques mais certains sont figuratifs (fleurs, animaux…)

D'autres présentent même des figures humaines aux traits assez caricaturaux.

Dans la ville, nous verrons aussi des panneaux figuratifs dont celui-ci qui me plaît davantage que les scènes religieuses des églises, à l'image des gigantesques panneaux de la gare São Bento que nous avons pu admirer à nouveau, et que j'avais photographiés en 2016. Certaines enseignes font également le bonheur des sites et guides de tourisme sur la ville.

Epicerie a Pérola do Bolhão

Adriano Vieira da Silva Lima & Companhia

Là encore, une flemme certaine m'empêche de chercher la raison qui fait que presque toutes les maisons sont couvertes de carreaux. En tout cas, cela doit être facile d'entretien !

On observe une grande diversité de couleurs et de motifs, le plus souvent géométriques ou floraux. Certains sont rectangles et unis à la manière de ceux qui couvrent les murs du métro. Ce ne sont pas mes préférés et mêmes parmi les plus traditionnels, j'avoue que l'effet produit sur les façades n'est pas toujours du meilleur goût. Au fur et à mesure des années, je finis tout de même par apprécier ce côté kitsch et si typique d'ici.

Lors d'une de nos balades, nous passons devant cette "Fábrica do Azulejo". Mais la connaissance des techniques de fabrication, encore une fois, ne bouscule pas suffisamment mon apathie.

Certains s'emparent de cette tradition et retrouvent la démarche plus artistique des décorations religieuses.

Du côté de la Praça Marquês de Pombal, nous sommes tombés sur un escalier où Marine Delcroix a collé de nombreux carreaux peints ou ornés de photos en utilisant la technique du cyanotype, ce qui paraît très logique tant le bleu représente la plus pure tradition des azulejos…

… ainsi que quelques plantes issues de son herbier qu'elle a semées ailleurs dans la ville.

Original également, ce tracteur par Bigod (João Domingos) (mais pourquoi n'est-il pas collé dans le bon sens ?)

Ces cœurs resteront anonymes pour moi

De Cajiart (Camilo Jimenez A.) un tatoueur, nous ne verrons que deux carreaux.

(Dans les escaliers au-dessus du tunnel de Ribeira)

Nous avions déjà vu deux interprétations modernes des azulejos par le Coletivo MUDA à Lisbonne l'an dernier. Celle-ci près du Cubo da Ribeira est mal en point (accompagnée d'une de mes Braiz de vacances).

Certains se servent de modèles très courants dans la ville…
("Recommence… si tu peux sans angoisse et sans hâte.
Et les pas que tu feras, sur ce difficile chemin du futur, fais-les en liberté."
Miguel Torga)

D'autres innovent également dans les formes.

Charters de Almeida (1969) sur l'immeuble du Jornal de Notícias, Rua de Gonçalo Cristóvão

Arte Sem Dono

Amália Rodrigues par les mêmes

Les azulejos servent également de supports revendicatifs… ou humoristiques.

"Le peuple aboie (ou vole !) et les crimes prescrivent !"
(Près du jardin de São Lazaro et de la Casa Guedes où nous avons pris quelques habitudes, j'en reparlerai au dernier épisode)

"Tant de maisons sans personne !"
(Même endroit)

"Notre dame des azulejos, protège cette maison."

Cette cigogne signée PZE (pauze.denhaag , compte privé ??), nous en avions aussi croisé de nombreuses à Lisbonne en 2022.

" Vivez haut en couleur" en polonais ! Apparemment, ça date de 2016, par un certain Wojciech Mann. Vu sur le mur d'un resto au bord du Douro.

"La chlorophyle"

J'ai eu 7 au bac en physique-chimie, cela restait donc sibyllin pour moi, mais pas pour Crispim, agrégé en la matière !

"Un diagramme de Feynman qui montre l'interaction faible."
("En physique théorique, les diagrammes de Feynman sont un système de représentation graphique des équations décrivant les interactions des particules subatomiques dans le cadre de la théorie quantique des champs." Wikipédia) Merci Crispim !

"Sperme..."

(Mais en fait, c'est l'équivalent du juron "Putain !", d'où le double sens…)

Joli carreau d'un Sem inconnu… accompagné d'un carreau de Palto dont j'en ai vu d'autres à Landerneau en 2022 ! (Mais qui reste toujours aussi discret sur Internet…)

Azulejos érotiques ? Je n'avais aucune idée de l'artiste, et puis en refeuilletant un de mes bouquins sur le street art début août, je suis tombé sur une Karla Sutra qui fait dans ce style. Perdu, c'est Sagrado Profano azulejos. Mais alors qui a copié sur qui ?

J'accumule depuis déjà un moment des photos de numéros de portes, de pavés, de bouches d'égouts, de portes et fenêtres, de bancs, d'arbres, de bornes d'incendie, et désormais d'azulejos. Je me suis même lancé dans une nouvelle série sur les chaises. Alors quand je suis tombé sur ce bouquin "Porto graphics", je n'ai pas résisté. S'il évoque bien sûr les azulejos et les pavés en plus du street art, il recense également toutes sortes d'autres motifs dignes d'engendrer de nouvelles collections.
Et notamment les garde-corps de fenêtres ou de portes prometteurs pour moi.

Au prochain épisode, il va être temps d'attaquer le street art en commençant par le centre historique.

Cajiart (Camilo Jimenez A.)

…

Deux semaines en ville(s) : Bordeaux, Porto, Bilbao (13)

Huit jours à Porto (7) : Lapa, Casa da Música et Matosinhos

Pour cet avant dernier épisode, nous partons encore plus à l'ouest (secteurs 3 et 5) autour de la Casa da Música et jusqu'à Matosinhos (secteur 7), ville de 50000 habitants située à moins de 10 km au nord-ouest de Porto, et à la fois port et cité balnéaire. Ce n'est pas que nous cherchons la plage, mais elle avait repéré quelques fresques à voir par là-bas. Au final, la récolte sera un peu maigre.

Mais nous commencerons dans le quartier de Lapa par ces deux portraits de Mr Kas situés 63 Alameda Capitães de Abril. Tout d'abord "No war" aux couleurs de l'Ukraine. Et juste à côté, un portrait-puzzle du père de l'artiste qui a déjà bien souffert après seulement trois ans.

Nous avançons ensuite vers la rua do Paraíso. Au n°225, "Ribeira negra" par Frederico Draw et Contra du Colectivo Rua assistés de BreakOne.

Rua de João Pedro Ribeiro, long mur très décoré : je reconnais quelques styles sans plus chercher à attribuer des auteurs. Je ne m'arrête que devant ceux qui me paraissent plus intéressants.

Borneo Modofoker

Pedro Podre

Lorena de Paula (lolafazarte)

Fedor

Drako - "Team Lima"

Stra

… et d'autres dont évidemment The Caver et Mesk !

Nous poursuivons par la rua Damião de Góis. A l'angle avec la rua Antero de Quental, “Casa das Camélias” par Nuno Palhas alias Third. Nous retrouverons son style un peu "cubiste" (voir les hirondelles) sur une autre œuvre à Vila Nova de Gaia (prochain épisode). Je trouve cette réalisation très soignée et réussie.

Nous continuons tout droit par la rue Egar Moniz : rien à se mettre sous l'objectif : dans ce coin-là, c'est le désert. Nous espérons ne pas finir là comme cette infortunée bestiole par Fedor !

Au 20 rua da Quinta Amarela, très intéressante série de fresques et vues de Porto. Je n'ai malheureusement là encore pas trouvé de plus amples renseignements.

Ceci dit, elles m'ont aidé à tenir jusqu'à la rua de Agramonte : on pourra dire qu'on aura beaucoup marché pour peu de choses ce jour-là !

"Ces peintures ont été réalisées à l'initiative de la Mairie de Porto et à partir de reproductions de photographies anciennes de nombreux lieux de la ville."
Ça me plaît bien aussi même si nous sommes un peu loin du street art dans son sens actuel.

Car notre but c'est " The last adventure" par Mr. Dheo & Pariz One dans la rua Monsenhor Fonseca Soares. Là encore, c'est elle qui avait repéré ça sur Internet, et je ne suis pas déçu (même si les artistes se sont auto-censurés).

C'est en allant à Matosinhos en métro la veille (ouais ben je ne raconte pas de manière chronologique mais seulement logique !) que j'avais aperçu ce géant par la vitre. Nous avons un peu galéré pour le trouver à Bairro de Francos au milieu des immeubles (je n'ai toujours pas de portable connecté, notre seul repère était qu'il se trouve le long des rails) mais avons été récompensés : “Modern Religion” de Mr Dheo est vraiment une merveille et me conforte dans mon rejet des "rézossocios".

Toujours le 17 juillet, la suite de fresques Via Panorâmica est encore une de ses trouvailles. Chacune est un hommage à un des romans de l'écrivaine Agustina Bessa-Luís pour le centenaire de sa naissance en 2022.

Contra

Mafalda Mendonça - "Dentes de rato"

Pedro Podre - "Prazer e Glória"

Third - "Fanny Owen"

Catarina Glam -" As Pessoas Felizes"

Fedor - "Os Incuráveis"

Daniel Africano - "Adivinhas de Pedro e Inês"

Oker - "Os Meninos de Ouro"

Frederico Draw - "A Sibila"

The Caver - "Um inverno frio

Fátima Bravo - "Vale Abraão"

Sphiza - "Jóia de Família"

Maduze - "A Ronda da Noite"

Contra et Mónica Baldaque, peintre, restauratrice de musées et accessoirement fille d'Agustina Bessa-Luís.

Tout cela est d'un niveau vraiment élevé, je ne boude pas mon plaisir, même s'il n'est pas facile de prendre du recul : la route est tout près et la circulation intense par ici.

Après avoir fait une halte dans un petit bar au Mercado Bom Successo, nous continuons vers la rua de Vilar : "The butterfly's burden" de Rafi die Erste, nous l'avions aussi repérée sur Internet avant de partir.

Et comme une superbe borne à incendie trône davant, j'en profite pour y poser une Braiz.

Reste à revenir sur Matosinhos (où nous sommes allés dès le matin de ce même 17 juillet).
A travers la vitre du métro qui nous y emmène, je remarque ce couple qui attend à une station : O Maria ? La même que celle de la rua do Outeirinho au bord du Douro ! (Mais toujours aussi introuvable !)

A peine descendus du métro, nous tombons sur ces deux peintures de Eky One, une commande pour un resto de sushis. J'avoue ma préférence pour la dame : moi, les samouraïs…

(??)

Nous nous sommes arrêtés un peu trop loin (Station Mercado municipal de Matosinhos) et nous avons arpenté les rues un peu (beaucoup) en vain. Nous finissons par arriver en bord de mer derrière ce cortège affolé, qui tranche avec les plagistes en tongs.

Tragédia no Mar - José João de Brito (2005) - Praia do Titã - Matosinhas

"Le 2 décembre 1947, en raison d'une énorme tempête en mer, se produit ce qui était alors considéré comme la plus grande tragédie maritime sur la côte portugaise. Quatre chalutiers ont coulé au large de Matosinhos, causant la mort de 152 pêcheurs…. Ces sculptures grandeur nature symbolisent, dans la gestuelle des figures de femmes et d'enfants, la douleur, la détresse et les cris de désespoir face au drame qui se déroule en mer.
L'artiste José João de Brito évoque cet événement à partir d'une œuvre du peintre néoréaliste Augusto Gomes."

(Moi, ça m'évoque aussi le style des personnages dans Guernica de Picasso…)

Nous longeons la plage. Bon, c'est pas mal mais moi, la plage…

Un des quelques "El pato" croisés à Porto

(Aucune idée, là...)

Quelque peu désappointés, nous repiquons vers le centre ville et la station près de la mairie dans l'Avenida da Liberdade. Juste au-dessus, un géant tatoué et néanmoins piscivore nous toise : “Calories” par Mr.Dheo , à la fois impressionnant de technique, humoristique et bien placé au-dessus de cette fabrique à obèses.

A quelques dizaines de mètres, deux belles bestioles par Bozmts & Brunoanti. Pas le temps de m'approcher : le métro se pointe.

Au prochain épisode : Vila Nova da Gaia, en face de Porto.

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