Deux semaines en ville(s) : Bordeaux, Porto, Bilbao (8)
Huit jours à Porto (2) : pavés et azulejos
Hormis la morue et les tramways, deux autres aspects typiques du Portugal me frappent : l'art du pavage de rue, et les fameux azulejos (dont je ne voudrais pas dans ma salle de bain) pour lesquels je me suis pris de passion l'an dernier à Lisbonne. (Il ne faudrait pas vieillir ?…)
A propos des pavés, je ne sais pas qui décide des motifs. Les ouvriers qui passent leur temps à genou dans les rues ont-ils un peu de latitude pour créer eux-mêmes ? En tout cas le résultat est le plus souvent un enchantement pour la vue, et je m'étonne que personne ne s'en inspire par chez nous.
Ceci dit, je fais le malin mais je ne me suis jamais renseigné ni sur ce point, ni sur la provenance des cailloux en question ou la manière de les tailler ou même de les disposer. Il me semble qu'ils reposent sur un lit de sable mais rien de certain.
Une autre chose m'étonne : pas un brin d'herbe entre les pavés. Est-ce que ce sable empêche toute pousse ? Ou alors ils sont nettoyés régulièrement. Et même pire : cette technique me paraît plus écologique que nos couches d'asphalte, mais ne déverserait-on pas des litres d'herbicide pour décourager les "jardins voyageurs" ?
Ayant peu de suite dans les idées, je me contenterai donc d'admirer cette forme de street art avant l'heure.
Autre forme d'art de rue, les azulejos.
J'avais commencé une "collection" à Lisbonne en 2022, je décide de la poursuivre à Porto cette année.
Je ne suis pas vraiment fan de ceux qui recouvrent les églises. Mais nous en avons admiré de magnifiques Rua de Dom João à la Bibliothèque municipale devant laquelle nous passions presque chaque matin : il était tentant d'y entrer.
Passé le hall d'accueil, on peut se diriger vers la galerie d'un ancien cloître dont les murs sont ornés de grands panneaux.
La plupart datent du XVIIème siècle et ont des motifs géométriques mais certains sont figuratifs (fleurs, animaux…)
D'autres présentent même des figures humaines aux traits assez caricaturaux.
Dans la ville, nous verrons aussi des panneaux figuratifs dont celui-ci qui me plaît davantage que les scènes religieuses des églises, à l'image des gigantesques panneaux de la gare São Bento que nous avons pu admirer à nouveau, et que j'avais photographiés en 2016. Certaines enseignes font également le bonheur des sites et guides de tourisme sur la ville.
Epicerie a Pérola do Bolhão
Adriano Vieira da Silva Lima & Companhia
Là encore, une flemme certaine m'empêche de chercher la raison qui fait que presque toutes les maisons sont couvertes de carreaux. En tout cas, cela doit être facile d'entretien !
On observe une grande diversité de couleurs et de motifs, le plus souvent géométriques ou floraux. Certains sont rectangles et unis à la manière de ceux qui couvrent les murs du métro. Ce ne sont pas mes préférés et mêmes parmi les plus traditionnels, j'avoue que l'effet produit sur les façades n'est pas toujours du meilleur goût. Au fur et à mesure des années, je finis tout de même par apprécier ce côté kitsch et si typique d'ici.
Lors d'une de nos balades, nous passons devant cette "Fábrica do Azulejo". Mais la connaissance des techniques de fabrication, encore une fois, ne bouscule pas suffisamment mon apathie.
Certains s'emparent de cette tradition et retrouvent la démarche plus artistique des décorations religieuses.
Du côté de la Praça Marquês de Pombal, nous sommes tombés sur un escalier où Marine Delcroix a collé de nombreux carreaux peints ou ornés de photos en utilisant la technique du cyanotype, ce qui paraît très logique tant le bleu représente la plus pure tradition des azulejos…
… ainsi que quelques plantes issues de son herbier qu'elle a semées ailleurs dans la ville.
Original également, ce tracteur par Bigod (João Domingos) (mais pourquoi n'est-il pas collé dans le bon sens ?)
De Cajiart (Camilo Jimenez A.) un tatoueur, nous ne verrons que deux carreaux.
Nous avions déjà vu deux interprétations modernes des azulejos par le Coletivo MUDA à Lisbonne l'an dernier. Celle-ci près du Cubo da Ribeira est mal en point (accompagnée d'une de mes Braiz de vacances).
Certains se servent de modèles très courants dans la ville…
("Recommence… si tu peux sans angoisse et sans hâte.
Et les pas que tu feras, sur ce difficile chemin du futur, fais-les en liberté."
Miguel Torga)
D'autres innovent également dans les formes.
Charters de Almeida (1969) sur l'immeuble du Jornal de Notícias, Rua de Gonçalo Cristóvão
Les azulejos servent également de supports revendicatifs… ou humoristiques.
"Le peuple aboie (ou vole !) et les crimes prescrivent !"
(Près du jardin de São Lazaro et de la Casa Guedes où nous avons pris quelques habitudes, j'en reparlerai au dernier épisode)
"Tant de maisons sans personne !"
(Même endroit)
"Notre dame des azulejos, protège cette maison."
Cette cigogne signée PZE (pauze.denhaag , compte privé ??), nous en avions aussi croisé de nombreuses à Lisbonne en 2022.
" Vivez haut en couleur" en polonais ! Apparemment, ça date de 2016, par un certain Wojciech Mann. Vu sur le mur d'un resto au bord du Douro.
J'ai eu 7 au bac en physique-chimie, cela restait donc sibyllin pour moi, mais pas pour Crispim, agrégé en la matière !
"Un diagramme de Feynman qui montre l'interaction faible."
("En physique théorique, les diagrammes de Feynman sont un système de représentation graphique des équations décrivant les interactions des particules subatomiques dans le cadre de la théorie quantique des champs." Wikipédia) Merci Crispim !
(Mais en fait, c'est l'équivalent du juron "Putain !", d'où le double sens…)
Joli carreau d'un Sem inconnu… accompagné d'un carreau de Palto dont j'en ai vu d'autres à Landerneau en 2022 ! (Mais qui reste toujours aussi discret sur Internet…)
Azulejos érotiques ? Je n'avais aucune idée de l'artiste, et puis en refeuilletant un de mes bouquins sur le street art début août, je suis tombé sur une Karla Sutra qui fait dans ce style. Perdu, c'est Sagrado Profano azulejos. Mais alors qui a copié sur qui ?
J'accumule depuis déjà un moment des photos de numéros de portes, de pavés, de bouches d'égouts, de portes et fenêtres, de bancs, d'arbres, de bornes d'incendie, et désormais d'azulejos. Je me suis même lancé dans une nouvelle série sur les chaises. Alors quand je suis tombé sur ce bouquin "Porto graphics", je n'ai pas résisté. S'il évoque bien sûr les azulejos et les pavés en plus du street art, il recense également toutes sortes d'autres motifs dignes d'engendrer de nouvelles collections.
Et notamment les garde-corps de fenêtres ou de portes prometteurs pour moi.
Au prochain épisode, il va être temps d'attaquer le street art en commençant par le centre historique.
Cajiart (Camilo Jimenez A.)
Deux semaines en ville(s) : Bordeaux, Porto, Bilbao (1) - intro
Huit jours à Porto (1) : la ville
Huit jours à Porto (2) : pavés et azulejos
Huit jours à Porto (3) : le centre historique
Huit jours à Porto (4) : 5 artistes emblématiques
Huit jours à Porto (5) : quartiers périphériques (1)
Huit jours à Porto (6) : quartiers périphériques (2)
Huit jours à Porto (7) : quartiers périphériques (3)
Huit jours à Porto (8) : Vila Nova de Gaia
Huit jours à Porto (9) : (au) revoir Porto ?
Deux semaines en ville(s) : Bordeaux, Porto, Bilbao (18) - Fin ?