"Tulipe" de Sophie Guerrive

Publié le par Narcisse

Thierry Leclair est passé me voir !

Tulipe – Sophie Guerrive – 2016 - Editions 2024

Tulipe – Sophie Guerrive – 2016 - Editions 2024

Ce dernier vendredi de classe, on frappe à la porte de la classe vers 12h30. Surprise ! C'est Thierry Leclair qui vient me prêter un livre sur lequel il voudrait mon avis ! Il s'agit d'une bande dessinée de Sophie Guerrive qui met en scène un ours - Tulipe - et divers autres animaux, ainsi qu'un arbre et même un caillou ! Le caillou lui a fait penser à mes "berniques", l'ours à Caramel. Et le ton à ces "petits riens" qu'égrènent aussi mes personnages. J'avoue que je me sens un peu bête. J'aime beaucoup les travaux de Thierry, et voilà que c'est lui qui vient me faire des compliments ! Pas sur mon dessin, bien sûr : je ne prendrai jamais le temps d'apprendre à dessiner. Mais il trouve dans ce que je fais - je cite - "de la fraîcheur" ! (Il connaît pourtant mon âge…) Nous discutons un moment de ses projets, de ses envies…

"Tulipe" de Sophie Guerrive

Evidemment, sitôt rentré - ça y est, ce sont les vacances ! -, je me plonge dans ce bouquin. C'est un petit format - 15,5 x 20 cm - mais de 160 pages, paru aux éditions 2024. Nous avons d'ailleurs discuté des petites maisons d'édition - Thierry a un projet en cours - et je lui ai recommandé le numéro 200 de la revue "L'avis des bulles" qui leur consacre un numéro.

L'avis des bulles N°200 - Janvier 2017

L'avis des bulles N°200 - Janvier 2017

Au bout d'une cinquantaine de pages, je commence à saturer. En y réfléchissant depuis, je me rappelle ce que Thierry m'a dit : il se déguste par petits bouts. Effectivement.
Les planches sont des gaufriers de neuf cases, mais on trouve aussi 23 pages - le plus souvent muettes - avec une seule grande illustration.

"Tulipe" de Sophie Guerrive

Les couleurs sont plutôt pastels (bleus, verts, orangés et bruns en majorité), l'écriture faussement (?) naïve me rebute un peu. C'est très lisible mais l'absence de majuscules me gêne : c'est mon côté instit' !
Le dessin est simple, cerné de noir, sans ombres mais parsemé de petits traits noirs pour donner du modelé.

"Tulipe" de Sophie Guerrive

On peut parler de bande dessinée animalière : ours, oiseaux, serpents, tatou, taupe, fourmi… plus un arbre et un caillou ! Bon, moi, avec mes berniques, je sais bien que les choses sont aussi vivantes (et un arbre l'est après tout) que nous !
L'ours Tulipe est le seul à être humanisé : il est habillé - t-shirt rayé vert et blanc, short vert foncé, chaussures marron - et il a des mains avec cinq doigts. L'explication de son nom nous est fournie par l'auteur elle-même.

"Tulipe" de Sophie Guerrive

"Certains me demandent l'origine du nom de Tulipe. En fait, il y en a plusieurs, mais en voici une.
“La tulipe” est un surnom que l'on donnait aux jeunes soldats de l'armée de napoléon. A cette époque où la conscription par tirage au sort était en vigueur et où le service militaire pouvait durer plusieurs années, beaucoup de jeunes gens se retrouvaient enrôlés contre leur gré et partaient au combat sans savoir ce qui les attendait. Les soldats plus aguerris surnommaient ces garçons naïfs “la Tulipe”, comme on a pu dire plus tard un “bleu” ou un “blanc-bec”. D'où, par exemple, le nom de Fanfan la Tulipe (ou François le blanc-bec).
Tulipe aussi a l'air de s'être fait enrôler par erreur à un moment ou à un autre !"

"Tulipe" de Sophie Guerrive

La plupart des personnages portent des noms de fleurs : Violette un oiseau, Lilas un autre, Crocus et Mimosa les serpents, Rose la chouette, Iris la fourmi, Dahlia la taupe, Coquelicot la poule et… Narcisse (!!) le tatou ! Je ne connais pas "le langage des fleurs" et n'ai aucune idée du pourquoi de ces noms…

"Tulipe" de Sophie Guerrive

Les deux seuls qui n'ont pas de nom sont l'arbre et le caillou. Parce qu'ils ne sont pas des animaux ?

"Tulipe" de Sophie Guerrive

Tout ce petit monde s'agite - enfin Tulipe pas trop ! -, se rencontre, partage des moments de vie qui s'étendent sur une à quatre pages. Tout cela paraît au premier abord assez futile et anodin, mais chaque "épisode" expose une des grandes questions philosophiques que nous nous posons tous : le sens de la vie, la mort, l'amour, l'amitié. Chacun a son propre caractère, ses contradictions, ses désirs, ses frustrations. Nous pouvons reconnaître nos propres qualités, nos défauts, nos espoirs, nos réussites, nos lâchetés…

"Tulipe" de Sophie Guerrive

La couverture est une boîte, un cadre ou une fenêtre qui s'ouvre sur le petit monde de Tulipe, mais la quatrième de couverture élargit le champ en nous montrant le ciel parsemé de petits nuages blancs (nos petits soucis ?), dont un qui lui aussi rêve d'un absolu.

"Tulipe" de Sophie Guerrive

Arrivé au bout de ce livre - en plusieurs fois et en relisant des passages -, je farfouille sur Internet. J'y apprends que Tulipe a démarré sur un blog, sous forme de planches de quatre cases. Comme Ginette et Caramel.
Et je repense à ce que m'a dit Thierry.
Pourquoi ce livre lui a-t-il fait penser à mes petites choses ?
Je ne sais pas si Ginette et Caramel se posent des questions aussi existentielles. Un peu comme le Barnabé de Philippe Coudray d'ailleurs.

L'ours Barnabé - Philippe Coudray

L'ours Barnabé - Philippe Coudray

Bon, des ours, d'accord. Tulipe et Barnabé, c'est léger alors que moi, je suis souvent plutôt lourd !.
Tulipe est un ours qui ne bouge pas beaucoup, il observe. Ginette et Caramel aussi. En tant que marionnettes, leurs déplacements sont normalement liés à une manipulation humaine. (Serais-je manipulateur ?!)

"Tulipe" de Sophie Guerrive

Les personnages de "Tulipe" sont souvent bavards - mais pas autant que moi ! -, sauf une seule planche muette : la rencontre de Crocus et Mimosa.

"Tulipe" de Sophie Guerrive

En conclusion, je recommande de lire ce petit livre : il me semble qu'il se prête à plusieurs relectures. Je le trouve intéressant par la manière dont Sophie Guerrive aborde les questions que je me pose moi-même… mais je ne l'ai pas attendue pour ça ! Certaines historiettes passent bien, d'autres moins : tous les personnages ne présentent pas le même intérêt. Et le dessin ne me satisfait pas toujours. (Oui, je sais que je ne sais pas dessiner !) Je suis donc un peu mitigé...
Il va entrer dans la famille des livres "que j'aimerais tant aimer", aux côtés de Krazy Kat de George Herriman, et des ouvrages de Renaud Dillies au graphisme si personnel et merveilleux... que je finirai peut-être quand même par apprécier un jour !

Abélard - Renaud Dillies

Abélard - Renaud Dillies

Saveur coco - Renaud Dillies

Saveur coco - Renaud Dillies

Sophie Guerrive

Girafes, Warum, 2007
Chef Magik 1, Warum, 2008
Chef Magik 2, Warum, 2009
Crépin et Janvier, Delcourt, 2010
Marines, Editions Ion, 2011
Médiévales, Editions Ion, 2012
Tulipe, Editions 2024, 2016 - Sélection officielle Festival d'Angoulême 2017

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