Mon combat ordinaire (3) : la fenêtre
Depuis quatre semaines, je la délaisse, après 26 ans de fréquentation assidue. C'est sans doute injuste : elle m'a tant apporté !
En 1993, j'ai décidé de ne plus fumer chez moi – enfin, à l'intérieur quoi.
J'avais donc le choix entre le balcon à l'ouest – du côté des vents dominants et de la pluie – et la fenêtre de la cuisine à l'est.
A peu près à la même époque, j'ai arrêté les grasses matinées – essayez les gosses, c'est radical ! La cuisine est devenue le refuge de mes levers "au chant du lapin" (comme dit Picolo).
Homme de rituels, il n'aura pas fallu longtemps pour que le rythme soit donné : préparation du café, "roulage" de clopes pendant qu'il passe, et première cigarette à la fenêtre avec ce premier café.
Et toujours un bloc de papier à la main.
Premier shoot de nicotine, fulgurance des idées qui jaillissent du cerveau désengourdi.
C'est du moins comme ça que je voyais les choses. En effet, depuis quatre semaines, il me semble que mon cerveau se réveille moins vite. Je traîne au lit – le week-end – et une fois dans la cuisine, les idées ne se bousculent plus. Il y a toujours ce premier café, mais plus la clope qui allait avec.
Alors je recommence à tenter des incursions à cette fenêtre qui perdait son utilité. Juste pour le plaisir de contempler le ballet des goélands en quête de pitance, le passage des nuées d'étourneaux vers la campagne... mais les idées ne viennent toujours pas !
Il va me falloir me trouver un nouveau rituel...
Joe Jackson - Friend better