Entretiens avec Lewis Trondheim
Lewis Trondheim a publié plus de 180 livres. J'en ai acheté 67 et lu une vingtaine de plus, principalement ceux qu'il dessine.
Parmi cette profusion de titres, il en est donc qui me laissent totalement froid. (Dont Ralph Azham, bizarrement)
Mais quand même…
Il fait partie des auteurs que j'affectionne, au même titre qu Gotlib, Fred, Bilal, JC Menu, Dupuy & Berberian (en duo), Frank… Mais j'en ai déjà souvent parlé ici.
Depuis trois ou quatre ans, je n'achète plus de bouquins : l'appart' est plein ! Pourtant j'ai craqué pour ces entretiens parce que les interviews de cet auteur sont assez rares. Là, ils sont réalisés par une vieille connaissance à lui : Thierry Groensteen dont j'ai lu plusieurs ouvrages théoriques très intéressants. Autant dire que je me suis régalé.
Trondheim y livre beaucoup d'infos que j'ignorais, tout en s'en tenant au registre professionnel. Sa vie intime ne m'intéresse à vrai dire que peu, quoiqu'elle aurait sûrement un intérêt à être connue pour une meilleure compréhension de son œuvre. Il révèle cependant quelques anecdotes éclairantes sur ses choix de thèmes.
Le livre contient aussi de nombreuses illustrations inconnues de moi, car ce prolifique auteur ne publie pas tout en bouquins. Je m'étais pris fut un temps au jeu de chercher ce genre d'images sur Internet, ça m'a passé, un truc chassant l'autre et ne disposant moi-même que de 24 heures par jour.
Les entretiens où il déroule sa carrière alternent avec des témoignages d'auteurs qui ont travaillé avec lui.
J'apprends qu'il a lu beaucoup de romans de science fiction dans sa jeunesse et que la littérature "officielle" ne le branchait pas. Ce fut aussi mon cas. Il cite notamment Fredric Brown dont j'ai également tout lu.
Sur sa formation de bande-dessineur, il était plutôt Spirou (tout comme JC Menu), et lui aussi a commencé très tôt à écrire et à dessiner des histoires, puis plus tard a réalisé un fanzine.
Jusqu'à ce défi incroyable de réaliser 500 pages pour apprendre la grammaire de la bande dessinée ! Pas mal pour quelqu'un qui se considère comme fainéant ! Ce même trait de caractère qui m'a fait glander du lycée à la sortie de l'Ecole Normale, avant de plonger dans le boulot d'instit et d'y passer 80% de mon temps d'éveil… jusqu'à ce que je me lance dans ce blog.
Il se définit comme "joueur", les jeux vidéos semblant tenir une grande place dans sa vie. (J'en suis resté à Pac Man.)
Mais aussi pour le goût du défi qui explique sa boulimie d'écriture et son engagement – un peu tassé depuis – dans l'OUBAPO (OUvroir de BAnde dessinée POtentielle, enfant de l'OUvroir des LIttératures Potentielles créé par Raymond Queneau) et les défuntes 24h de la bande dessinée d'Angoulême.
Modestement il explique avoir adopté un dessin "minialiste et animalier" par manque de talent. Il s'est rattrapé depuis et certaines pages des Petits riens exposent quelques dessins d'observation. J'apprends aussi qu'il en réalise un chaque 15 du mois qu'il poste sur le blog 15ISSD (15 is sketch day). Il explique cette pratique pas si nouvelle par son désir de rendre crédibles les décors de ses albums.
Pour la couleur, il m'apprend son goût pour le modelé. J'y vois une explication à ce que je déplorais récemment, moi qui ai une préférence pour les aplats des premiers Lapinot. Bon, en y retournant, je reconnais qu'il y avait déjà des effets de volumes, mais moins systématiques.
Les chapitres s'enchaînent : Lapinot, Donjon, les Petit riens, Ralph Azham…
La deuxième partie du livre est davantage consacrée à ses collaborations en tant que scénariste et directuer de la collection Shampooing. Il y évoque aussi son admiration pour le travail de Carl Barks et Floyd Gottfredson (Picsou et Mickey). Bon, j'ai été brièvement abonné au Journal de Mickey (après la disparition de Junior) mais ça ne m'a pas marqué plus que ça.
J'ai écouté depuis l'émission Les Nuits de France Culture de janvier 2019 où il était invité. J'ai appris qu'il n'a – selon lui – aucune mémoire et qu'il lui faut réécouter ou relire plusieurs fois avec le sentiment d'apprendre quelque chose de nouveau chaque fois, ou avant de commencer à se souvenir du contenu. C'est sans doute un peu exagéré, mais ça nous fait un autre point commun : voilà encore un bouquin que je vais relire moult fois avec autant de plaisir !
le site de Lewis Trondheim
Dossier thématique Lewis Trondheim - Cité internationale de la bande dessinée et de l'image