Samedi 16 juin 2018 : exposition Miles Hyman à Quimperlé
J'avais reçu en avril un mail de ma hiérarchie faisant la promotion de cette exposition de Miles Hyman. En jetant un coup d'œil au dossier pédagogique, j'avais trouvé aux images un air de déjà vu.
Alors ce samedi gris-là, j'ai décidé d'y aller et je n'ai pas été déçu.
En cet après-midi de juin, la météo - ciel gris de novembre ! - est propice à la visite de l’exposition L’Entre-deux mondes à Quimperlé, consacrée au dessinateur américain Miles Hyman, sur deux sites : la Chapelle des Ursulines, avenue Jules-Ferry, et la Maison des Archers, 7 rue Dom-Morice.
Nous nous garons vers 14h30 près de la Chapelle des Ursulines dans la ville haute.
La ville haute est autour de l’église Saint Michel et la ville basse a souvent les pieds dans l’eau lors des crues. Quimperlé est située à la confluence de deux rivières – l’Ellé et l’Isole – qui se rejoignent pour former la Laïta.
Tout de suite, de grands tableaux colorés nous sautent à la figure. Rouges, bruns, ocres, noirs…
Tout au long de l'expo, nous retrouvons ces couleurs dominantes. Les tableaux réalisés sur fond de vues de Quimperlé sont énigmatiques à souhait, et donnent envie de partir à la recherche de ces lieux.
La première partie de l'exposition commence par douze toiles sur Quimperlé.
Elles ont pour décor les rues de la ville et comportent une énigme : un chouca avec dans son bec une paire de lunettes, un cerf, un poisson avec un morceau de papier dans la bouche, une bougie éclairant un portrait de dos, un colibri, une inconnue, un escarpin oublié…
L’univers graphique de Miles Hyman est reconnaissable. Les couleurs sont chaudes dans des tons ocres.
Au fond de la chapelle, des travaux en noir et blanc, parfois plus anciens me paraissent moins convaincants (Sauf peut-être le dessin en hommage à Charlie Hebdo).
De Miles Hyman, je ne connaissais rien du tout, pourtant les dessins me disaient quelque chose et pour cause…
Miles Hyman a dessiné toutes les couvertures de la collection de polars Le Poulpe. Je les ai pratiquement tous dévorés.
Il a réalisé aussi des dessins de presse pour Le Monde, Libération, Télérama, The New York Times, The International Herald Tribune…
Il a illustré de nombreux livres chez Gallimard, Seuil, Actes Sud…
L’occasion d'admirer les dessins originaux ainsi que la palette de pastels et de fusains…
Deux vidéos permettent de comprendre son itinéraire et sa manière de travailler : au fusain, au pastel. Il y a de la matière, beaucoup de jeux sur la lumière.
La seconde partie de l'exposition est accrochée dans la ville basse, à la Maison des Archers, belle maison à colombages. Une ligne rouge nous emmène y découvrir sa partie "bande dessinée". De nombreuses planches y sont exposées : "Le Dahlia noir" adaptation du roman de James Ellroy, "Le coup de Prague" avec Jean-Luc Fromental, "La loterie", adaptation en bande dessinée d'une nouvelle écrite en 1948, par la grand-mère de Miles Hyman, Shirley Jackson.
Je ne suis pas très convaincu par les planches de "Le coup de Prague". Par contre, son travail sur "La loterie" d'après la nouvelle de Shirley Jackson (sa grand-mère) est puissant et angoissant. Je déplore juste le choix des bulles et de la typographie, calamiteuse à mon avis.
Des planches de "Wannsee" du dessinateur quimperlois Fabrice Le Henanff.
Au rez-de-chaussée, expo de planches de Fabrice Le Henanff, BDiste local.
Le travail est impressionnant de réalisme, la taille des planches permet de comprendre la(les) technique(s) utilisée(s). Même si je sais que le passage à l'album me décevra forcément : sur papier glacé la matière y perdra. Et puis, je regrette quelques facilités de mise en page (notamment une, découpée en étoile de David… Le thème (la seconde guerre mondiale et la déportation) n'excuse pas tout.
Je sors tout de même ravi de cette exposition : l'envie de se mettre vraiment au dessin renaît fugacement. Mais il faudrait pour ça la volonté d'y consacrer tout mon temps libre !
Belle exposition !
Pour l'heure, nous arpentons les rues de la ville basse de Quimperlé, avec toujours le même regard pour les petits riens.
La pluie nous gâche un peu la balade.
La rue Savary, rue historique assez pentue entre basse et haute ville - et des petites ruelles. Quelques vitrines inoccupées gardent leurs vitrauphanies (ou vitrophanies) - photographies en noir et blanc de Michel Thersiquel représentant des Bretons et des Bretonnes, des paysages...
On trouve çà et là différentes marques sur les murs indiquant les niveaux atteints lors des crues des trois rivières.
Les Halles de Quimperlé sont pimpantes et j'y déniche quelques berniques à venir.
Nous remontons vers la ville haute, le crachin est de retour, il est temps de rentrer à Lorient. Encore quelques dizaines d'images à traiter !
Post scriptum : et je parie que Gérard Darris y est aussi allé faire un tour !