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Ce week-end a ouvert le seizième Salon du Livre Jeunesse du Pays de Lorient. Pas question de ne pas y faire un saut.

Comme d'habitude, nous choisissons une heure creuse : je suis misanthrope – ou agoraphobe ? -, et puis les gosses, ça va en semaine… Le samedi vers 13h, c'est l'idéal. Et ça fait déjà 15 ans qu'on a choisi cet horaire !

Je n'en ai eu que de bonnes impressions. Du premier - avec Crispim - qui eut lieu dans le bateau "La Thalassa", et où il rencontra son idole de l'époque, Yak Rivais… à celui de l'an dernier, avec l'affiche de Gilles Bachelet et la (re)découverte - pour moi - de ses albums. Du coup je m'offre un sac - dont je ne saurai quoi faire… - orné de ses petits lapins !

Il me faut avouer que l'affiche de cette année ne me plaît pas beaucoup. Malgré la présence d'un pied qui appartient - probablement - à Alice, dont j'ai plusieurs fois évoqué le pays des merveilles ici.

Je n'accroche pas au graphisme naïf, très méticuleux et fourmillant de détails de Fanny Ducassé. Les éléments me semblent plus juxtaposés que formant vraiment un ensemble.

Nous commençons rituellement par le bas du "palais des congres" (comme le poisson, j'aime bien l'appeler ainsi). Les maisons d'édition, les auteurs - tous en pause déjeuner vu l'horaire -, les travaux des classes autour du thème. Peu de choses à me mettre sous la dent (et l'objectif).

Le thème "grand-petit" me plaît bien pourtant. Je vais à la pêche aux idées, pour ma classe, et pour ce blog. Je rencontre des ours en quantité, je retrouve les poussins de Ponti.

Et même des poux ainsi que des Green Peas !

Le haut me paraît moins fourni en livres que les autres années, mais davantage en coins animations, déserts eux aussi à cette heure. Et voilà que je découvre au plafond cette affiche au dessin familier. Bachelet aurait-il sorti un nouvel album ? Un petit tour sur internet me le confirmera.

Nous achetons quelques bouquins pour tout-petits : la petite sœur de Lucie est née, et je suis aussi grand-oncle pour la cinquième fois depuis quelques jours…

Au bout d'une heure, nous ressortons : les gamins commencent à envahir le lieu, fuyons ! Et vivement l'an prochain ! (Quant à vous, il vous reste encore jusqu'à demain pour en profiter !)

A quoi servent donc les contes ?
Il y a quelques (!!) temps, je m'y suis beaucoup intéressé. J'avais eu l'occasion d'étudier la structure de certains contes célèbres selon les modèles de Propp et Greimas.

Bien sûr, c'était avant tout à titre professionnel, mais je m'étais piqué au jeu et j'avais dévoré "Psychanalyse des contes de fées" de Bettelheim, et acheté quelques recueils de contes de Perrault, des frères Grimm et d'Andersen.

Je ne suis pas conteur moi-même, j'ai besoin du support d'un livre. Et puis je suis très "illustrations", vous savez bien ! Je connais certains de ces livres par cœur à force de les lire à mes élèves au fur et à mesure des années. C'est une des plus belles expériences de classe : maîtriser suffisamment un texte et pouvoir s'attarder sur les visages de ce public fascinant, et y lire des émotions, des réactions.
J'ai tendance à me ranger aux arguments de Bettelheim sur la nécessaire cruauté de certains contes, qui aident d'une certaine façon les enfants à surmonter les difficultés auxquelles ils sont confrontés. Alors quand je lis ça, les bras m'en tombent !

Le plus souvent j'évite les versions trop édulcorées du Petit Chaperon Rouge, de Blanche Neige ou même des Trois Petits Cochons. S'ils se font dévorer par le loup, ou si la méchante reine meurt dans d'atroces souffrances, ce n'est jamais sans raison. Et le fait que ces histoires aient traversé les siècles, qu'elles plaisent encore tant aux enfants, et que jamais je n'en aie rencontré un qui soit resté traumatisé par une de ces histoires me renforce dans ce choix. Sans parler d'une "culture commune" à construire, ce qui semble tellement d'actualité…
Historiquement peut-être tirés de faits réels (Le Petit Chaperon Rouge ?), ils sont désormais avant tout symboliques - voyez le statut du loup en France ! - et parlent souvent aux enfants de faibles qui arrivent à triompher de plus forts qu'eux.
Pas sûr qu'ils aient besoin pour ça d'une arme ! Ou alors je ne retourne pas à l'école à la rentrée !

PS : et une fois ces contes bien connus, quoi de plus délicieux que de se (re)plonger dans les parodies de Gotlib, Emile Bravo, Geoffroy de Pennart, Mario Ramos et tant d'autres qui se nourrissent de ce matériau fantastique !

PPS : je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager une de ces "gotliberies" qui m'inspirent chaque jour pour illustrer l'agage fameux : "les bons contes font les bons amis !"