hubert mounier

Laurent et moi, nous étions voisins de palier. Chacun un logement de fonction dans l'école où j'ai débuté. Il jouait – et joue sans doute encore – de la guitare électrique, du jazz et de la bossa nova, essentiellement. J'ai joué un peu avec lui. J'avais pris quelques cours avec François pour apprendre des accords de jazz, et puis nous avons joué en trio : clarinette, guitare, contrebasse. Surtout des "standards" de jazz issus du "real book" : "so what" (Miles Davis), "misty", "blue bossa", "just the two of us", ce genre de trucs.

Ensuite, il a monté un groupe assez joyeux (flûte, guitare électrique, basse, et deux percussionnistes pleins d'inventivité), "Y'a pas d'lézard". Ambiance latino, avec leurs propres compositions. De mon côté, c'était "Band à Part" et les chansons de Marc. On a même fait une fois un concert commun. (avec nous en première partie : ils étaient bien meilleurs, musicalement !)

Je connaissais déjà l'Affaire Louis Trio ("Chic planète") et Laurent m'avait fait une cassette de leur deuxième disque (celui avec "Bois ton café"). Un week-end, il m'a prêté sa guitare. J'avais mis en musique la chanson "Tom et Julie" que j'avais écrite, et qui s'inspirait de "Bob et Linda" de l'ALT. J'avais pris mon pied à "empiler" les instruments grâce à deux magnétophones : guitare, deux clarinettes et des percus à gogo, et puis ma voix. Le son final était bien pourri, mais l'ambiance y était !

Le premier disque de l'ALT fut en fait le dernier que j'ai acheté. Je l'avais écouté mais plusieurs morceaux ne m'avaient pas convaincu. Et notamment celui-ci.
Au début de cette année, j'ai lu un article sur Soundcloud dans une revue d'informatique, alors je suis allé y faire un tour. En tapant "Mounier", je suis tombé sur des versions réenregistrées de "vielles" chansons. Plus "unplugged", elles forment le disque "Simple appareil" qui accompagne son roman "Le nombril du monde".

Là, ce morceau m'a tapé dans l'oreille. Question d'âge, je ne vois pas sinon. Ce fantasme du "retour à la nature", on ne l'a pas à 25 ans (Lui oui ? En 87, c'est l'âge qu'il avait !), mais 29 ans plus tard... Je trouve cette chanson joyeuse, optimiste, il s'en dégage de l'espoir, de la naïveté, le désir simple d'être heureux, même s'il faut pour cela se retirer du monde. Il l'a fait d'ailleurs lui-même en revenant en Ardèche, loin de Paris et de "la maison de pain d'épice", pas trop près de Lyon non plus..

Je n'ai pas goûté au Ukulélé, instrument un peu trop "à la mode" depuis une quinzaine d'année (Fersen, Sfar, Trondheim et tant d'autres ! Même Marylin Monroe, déjà, bien avant !) Pourtant cette chanson m'accompagne elle aussi dans le bus – au hasard de la fonction "random" - , et elle me donne la pêche pour revenir chaque matin dans ce monde dont je m'extrais dès que je rentre chez moi, après ce "jour qui finit de guerre lasse"...

Je n'ai pas de cabane en rondins, juste un "clapier" au troisième, mais je m'y sens au-dessus du monde : vue sur la rivière au loin... et la voie express aussi, où s'entassent les "banlieusards" matin puis soir. J'y suis heureux. (Tant que je pourrai y grimper...)
J'écoute de la musique.
Hubert, et d'autres aussi.