Les bandes dessinées muettes (2) : "Pervers Pépère" de Gotlib
J'ai encore acheté une revue dans un troc. Bon, elle date de l'été dernier, mais moi l'actualité, hein… Gotlib est mort depuis, mais il reste intemporel. Et j'y ai même appris des choses sur son œuvre. Depuis le temps que je le lis, je ne sais pas comment ça a pu m'échapper la dernière fois.
Les bandes dessinées muettes (1) - Ginette & Caramel
http://ginette-caramel.over-blog.com/2017/03/les-bandes-dessinees-muettes-1.html
Les bandes dessinées muettes (1)
Gotlib, encore plus bavard que moi, réalise une bande dessinée quasi entièrement muette ! Pervers Pépère, je l'ai acheté en 1982, après l'avoir découvert dans Fluide Glacial grâce à Bruno. Alors c'est l'occasion de me replonger une fois de plus dedans. Je ne suis pas étonné de constater qu'il me fait toujours autant rire. Peut-être pas pour les seules mêmes raisons.
A vingt ans, je voyais les gags de ce vieux pervers se dérouler comme une mécanique impeccable. Toujours à l'affût d'un mauvais coup - de mauvais goût - à faire, mauvais esprit, vieux salingue mais pas (trop) porté sur le sexe, finalement !
Aujourd'hui, j'ai à peu près son âge. Et j'y lis une critique des bons sentiments fadasses, de ceux qui s'arrêtent aux apparences. Oh, ce n'est pas un ange : il me rappelle un peu "Gros Dégueulasse" de Reiser. Et même si je ne suis pas capable de ce qu'il fait subir, j'ai une dent maintenant encore plus féroce contre les bigots, les Scouts et la bien-pensance !
Instit, quand tu es un mec - et notamment en maternelle -, ça comporte quelques risques. Il suffit d'écouter les infos : enseignants et curés paraissent être à peu près à égalité quand il s'agit d'abuser de leur "position d'autorité" !
Toujours est-il qu'il y a maintenant un paquet d'années que je ne me risque plus à accompagner ma classe aux toilettes sans la présence d'une ATSEM. Et si je dois prendre en soutien un(e) seul(e) élève, je laisse toujours ouverte la porte de la classe qui donne sur celle d'une collègue. Il faut dire qu'il y a longtemps que j'ai vu le film "Les risques du métier" avec Jacques Brel. Il m'avait marqué, même si c'était avant que j'embrasse (!!) cette profession…
Mais Pervers Pépère n'est pas de cette sorte lui non plus.
Du point de vue de la technique, Gotlib est à son top… mais aussi sur sa fin de dessinateur !
Les planches sont muettes, mais loin d'être silencieuses ! Les explosions de rire qui ponctuent chaque histoire déclenchent toujours chez moi la même hilarité, bruyante, celle-là ! La manière dont Gotlib fait se tordre son personnage - à tous les sens du terme - m'époustoufle !
Dans l'article qui est consacré à ce personnage, le journaliste pense que Gotlib y a perdu son âme, ou plutôt sa voix, c'est à dire les textes qui faisaient le sel de la Rubrique-à-brac, par exemple.
Je ne suis pas d'accord. La bande dessinée muette a cette richesse : le lecteur crée lui-même les dialogues, comme il doit créer le mouvement dans toute bande dessinée.
Je considère toujours Pervers Pépère comme indispensable à tout fan de Gotlib (comme quasiment tous ses bouquins d'ailleurs, à l'exception peut-être de Gai Luron qui ne m'a jamais vraiment fait rire).
Et qui mieux que Gotainer pour rendre hommage à ce sacré personnage ?
Richard Gotainer - La ballade de l'obsédé