Ginette & Caramel

Street art et Graffiti à Paris (1) : intro

Publié le 5 janvier 2023 par Narcisse

Quelques jours avant les vacances de Noël, nous sommes allés à Paris pour la soutenance de thèse (en mathématiques appliquées) de notre aîné.
L'occasion pour moi d'accumuler des photos de ce qui s'expose sur les murs de Paris, du moins dans les quartiers où nous allons tourner en attendant le grand moment.
Et de dérouler en plusieurs épisodes le résultat de cette récolte.
Premier chapitre : Deux jours entre parents - thèse

Dimanche 11 décembre 2022
C'est à de menus détails que l'on constate que l'on n'a plus vingt ans. Comme par exemple le fait de se pointer à la gare avec 30 minutes d'avance par un froid de gueux : 1°C et une petite bise de nord-est à 15km/h des plus désagréables.
A 9h52, le TGV pour Paris démarre pile à l'heure : Il m'en reste trois pour retrouver mes vingt doigts.
J'ai emporté de quoi m'occuper mais jusqu'à Rennes, je n'en ai pas le goût. Je ne prends pas le train si souvent, et j'aime regarder le paysage défiler surtout quand, comme à l'approche de Redon, le givre a repeint les champs et les arbres.
Nous prenons dix minutes dans la vue à Rennes mais rien de grave : notre hôtel ne nous attend qu'à partir de 14h et ici, au moins, il fait bon. Le train est désormais quasi complet et au bout de deux heures, il mérite enfin son nom de TGV.

Nous avons déjà prévu de passer une partie de l'après-midi à la Butte aux Cailles, à deux pas (trois ?) de l'hôtel, où a lieu un troc et puces. (Ouais ben ce n'est pas moi qui ai repéré ça, hein !) Je ne sais pas combien de temps je tiendrai car je cumule trois inconvénients : je suis (très) frileux de nature, et quand je fume ou que je fais des photos, je dois enlever les gants. (Ça fait trois, ça, non ?) Je rêve par avance d'un bon vin chaud, d'autant que je pars avec une crève carabinée. Covid ? Probablement pas, même si j'ai eu la flemme de faire le test. Le son de ma toux - et ses effets sur mon corps tout entier - m'évoque davantage une pneumopathie que je n'avais pas trop appréciée il y a une quinzaine d'années. J'essaie cependant de me retenir dans le train : nos voisins de l'autre côté du couloir arborent chacun un superbe "bec de canard" par précaution sans doute contre la neuvième vague (à moins que ce ne soit contre la grippe aviaire).

Vers midi, le soleil tente une percée mais je sais bien qu'il va manquer au moins vingt degrés pour que j'apprécie pleinement ces deux jours "dans la capitale".
J'ai obtenu - officieusement - l'autorisation d'absence demandée : ces gens-là ont autre chose à faire que t'envoyer un courrier (et même un mail) officiel. Ma directrice m'a simplement transféré un message qui, sans surprise, nous annonce que je ne serai pas remplacé. C'était bien la peine de passer des heures à mettre sur papier ce que j'ai prévu en classe ! Il y a tant de choses que je n'ai plus besoin d'écrire pour moi depuis des années. Bon ben les collègues et l'ATSEM vont se débrouiller, avec pour objectif prioritaire de boucler toutes les activités de Noël.

13h30, nous arrivons à Montparnasse : j'avais oublié ! La foule, le bruit, la queue même pour sortir de la gare… Deux minutes pour griller une clope (quand même !) et nous descendons vers le métro, direction Place d'Italie.
A 14h45, nous ressortons de l'hôtel et partons donc vers la Butte aux Cailles, où Crispim doit nous rejoindre. Bon, moi je ne cherche plus rien depuis un moment dans ce genre de déballage. Sauf qu'heureusement ici, il y a des trucs partout sur les murs : collages, stickers, modelages, pochoirs, bombages, carreaux… Au bout de quinze minutes, je ne sais plus où donner de l'objectif.

Ce qui nécessitera évidemment des chapitres ultérieurs pour décortiquer tout ça !

Crispim et sa chérie arrivent, on tourne encore un peu, et puis il est temps d'aller se mettre au chaud chez Nénesse : je n'ai plus d'orteils depuis longtemps et je viens de perdre mes derniers doigts. Le vin chaud promis et trente minutes plus tard, on peut repartir.
Direction le tunnel des Tuileries, piéton (si tu évites les vélos et les trottinettes) depuis 2016 et ouvert aux street artistes depuis fin juillet 2022. Une bonne heure à arpenter ses trois kilomètres aller-retour, un enchantement pour les yeux ! Là aussi, nécessité d'un épisode à part…

Bon, Crispim connaît une "cantine dans le 3ème arrondissement. Petit coup de métro et installation vers 19h45 à la French Guinguette. Repas correct, on ne traîne pas trop : c'est pour demain !
21h30, c'est l'heure où je devrais être au lit. Dans l'ascenseur de l'hôtel : "le meilleur moment de la journée, votre petit déjeuner !" Pas du tout : le meilleur moment de la journée, c'est dans 15 minutes, quand je me glisserai sous la couette !

Lundi 12 décembre 2022
Réveil à 6h27 mais quelle utilité de se lever ? Il fera nuit jusque vers 9h, alors je grasse mat'.
A 10h15, nous sortons avec pour but les grandes fresques du Boulevard Auriol, le long de la ligne aérienne de métro, et à deux pas (un ?) de l'hôtel également.
Nous poussons jusqu'à Bercy, puis retour par l'autre côté du boulevard. J'y retrouve du connu : Shepard Fairey (alias Obey), C215, Seth, D*Face, David de la Mano, Pantonio … vu en 2018. Mais aussi du nouveau (et impressionnant également) : Wen2, AddFuel (découvert à Lisbonne l'été dernier). De toute façon, j'en prends plein les yeux.

Le chat - C215 (Christian Guémy) / Liberté, égalité, fraternité - Shepard Fairey

Rise above rebel de Shepard Fairey

Et un épisode de plus à venir !

Retour vers la Butte aux Cailles, qui porte bien son nom en cette matinée grise et froide. Le quartier est redevenu désert à cette heure matinale, je peux donc tout revoir à mon aise.
A midi, elle fait un arrêt coiffure, je me prends un petit café en solo chez Nénesse, le soleil se pointe enfin.

Tiens, on va lui prendre ça comme carte de félicitations...

13h, nous piquons vers le 5ème arrondissement et la rue Mouffetard, après avoir repéré au passage le lieu de la soutenance rue Broca. La fresque et le nom de la rue rappellent l'enfance de Crispim et ses lectures des contes de Pierre Gripari. Avec dans la tête la petite chanson de "la sorcière du placard aux balais" : "une petite maison dans la Grand'rue, avec chambre et cuisine, salle de bain, living-room, pipi-room et… placard aux balais !"

14h15, nous prenons un café dans le bistrot d'à côté avant de rejoindre la salle. Au septième étage, la température me rappelle un peu celle de ma classe ces temps derniers, je garderai donc polaire et écharpe.
Crispim a l'air détendu. Il y a une vingtaine de personnes dont plusieurs "potes" (c'est leur mot pour les gars comme pour les filles). Nous retrouvons avec plaisir son ancienne coloc' (et néanmoins clarinettiste). Elle prépare une thèse d'histoire et s'inquiète donc d'en comprendre ici aussi peu que nous !

15h, le jury s'installe, ils sont 6 : son directeur de thèse et divers spécialistes des maths et des stats.
15h05, début de la présentation. Crispim était un peu énervé qu'on lui ait demandé la veille de raccourcir l'intro qu'il avait écrite en pensant - un peu - aux béotiens que nous sommes. Ce sont des maths, on reste en maths ! J'écoute d'une oreille un peu distraite en dessinant mes bestioles. Crispim a un débit très rapide qui dénote un peu de stress. D'ailleurs au bout de 35mn, il a fini alors qu'il était censé tenir 45 ! Début des questions des membres du jury les uns après les autres, en commençant par la "vacharde". Il est plutôt à l'aise pour répondre… et à 16h30, tout est terminé !
Le jury nous demande de sortir pour délibérer. En fait, il s'agit juste de rédiger le rapport, mais on ne te fait pas soutenir une thèse pour te dire que tu n'obtiens pas ton doctorat. C'est donc juste une question de "plutôt favorable" ou "plutôt moins".

Nous descendons prendre un café. Au bout de 30mn, nous remontons, moment un peu solennel (on se met debout). La présidente du jury lit le rapport, assez élogieux je trouve. Remerciements de Crispim aux jurés, aux auditeurs, avec une petite pensée pour celles et ceux qui l'ont supporté - à tous les sens du terme - depuis 5 ans, "et pour certains plus" : ça c'est pour nous ! Applaudissements… et bulles pour tout le monde !

Ou blanc. Ou rouge. 18 bouteilles pour 18, il a prévu large ! Discussions à bâton rompu avec deux de ses anciens "potes" de l'école de musique du temps où il chantait dans le chœur. Et à 19h, il est temps de remballer… et de se diriger vers le "Chapi Chapo" près de la Place Benalla (enfin Contrescarpe, quoi) pour une soirée des plus agréables.

Cinq heures - et un litre et demi de "Ginette Lager" (!) pour moi - plus tard, il est temps de se glisser après un petit coup de métro sous la couette pour retrouver encore une fois l'usage de mes doigts et me remettre de ces émotions : on a un docteur dans la famille !

Mardi 13 décembre 2022
Après au moins deux réveils intempestifs mais heureusement furtifs, j'émerge à 8h, frais comme un gardon si l'on excepte cette fichue toux de crevard assez persistante.
Nous devons retrouver Crispim vers 12h30 du côté du Panthéon, mis on n'a aucun plan d'ici là. Après un petit déjeuner de chancre, nous allons errer pendant 2h0 entre le 13ème et le 5ème arrondissement avant de nous poser au Kehribar rue des Fossés Saint-Jacques. Excellent kebab, et puis les au-revoir : il doit assister à la soutenance d'un "pote" à lui. De toute façon il "descend" à Lorient à la fin de la semaine.
Quant à nous, prendre le métro pour la gare Montparnasse nous obligerait à en changer en route, alors comme nous avons le temps, nous partons à pied. Dernières photos de "gribouillis", j'ai de quoi m'occuper pendant les vacances : plus de 400 photos au compteur !

Trois heures de TGV plus tard, nous débarquons à la gare de Lorient… sous la pluie !
Allez, au lit ! Heureusement qu'on est mardi, j'ai une journée pour me remettre de tout ça… et penser à ce que je vais devoir "boucler" les deux derniers jours d'école.
Le mercredi 14 dans l'après-midi, coup de fil de ma directrice. Elle m'a laissé un peu de temps avant de m'annoncer une nouvelle (encore ?!) élève pour la rentrée de janvier ! Youpi, je ne vais décidément pas m'ennuyer pendant deux semaines !
(à suivre)

En marchant vers Montparnasse - Loren Munk (1991)

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