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Dans "La mémémoire" et suite à une chute, Philémon ne se souvient plus du "Monde des Lettres". L'oncle Félicien nous met en garde.

Quand nous regardons un film, quand nous lisons un roman ou une bande dessinée, nous acceptons de croire à ce qui s'y déroule. Si nous nous laissons distraire par la forme (des images sur un écran, de l'encre sur du papier), nous sortons de l'histoire. Bien sûr, "quelque part" nous sommes conscients de consentir à ce jeu de dupes.

Après avoir commencé timidement dans "Le piano sauvage", Fred a par la suite beaucoup joué de cette acceptation indispensable. Il considère son lecteur (un enfant !) comme suffisamment intelligent pour en faire un complice : il sait "qu'on ne nous la fait pas", et veut qu'on le sache aussi !

Plus surprenant est le fait que les personnages eux-mêmes ont conscience de leur statut d'êtres de papier ou plutôt d'encre sur du papier. Nous devons croire en eux quand eux-mêmes n'y croient pas.

Dans la courte histoire avec une sorcière qui se trouve à la fin de l'album "Simbabbad de Batbad", Fred fait une démonstration éblouissante qui n'a d'égal que celle que l'on retrouvera des années plus tard dans "L'enfer des épouvantails".

Le jeu des personnages avec les cases et la mise en page est vraiment jubilatoire. Oh, bien sûr, Fred n'est pas le seul à s'y être risqué : Gotlib en faisait de même à la même époque avec sa souris qui se retrouvait sans trait de case, ou son "Professeur Burp" qui passait de case en case dans une rubrique-à-brac sur la girafe. Qui a inventé cette astuce ? J'ai lu pas mal de bouquins sur l'histoire de la bande dessinée, ce n'est pas très clair.

Autre trait marquant, le pouvoir pour les personnages de s'interpeller ou de passer d'une case à l'autre. Récemment, Pascal Jousselin en a fait le "pitch" de sa bande dessinée "Imbattable".

Fred, lui, fait carrément passer Phiélmon "derrière la case" !

Le sommet de cet effet est atteint dans cette planche de "L'île des brigadiers", les personnages en étant arrivé à tourner sans fin en rond d'une case à l'autre… par la faute du lecteur que nous sommes qui se serait trompé de sens de lecture !

La composition d'une planche de bande dessinée n'est pas chose si facile dès lors que l'auteur veut sortir un peu des sentiers battus, ou du "gaufrier" classique. Le regard doit être guidé dans la planche pour ne pas se retrouver dans la situation décrite précédemment où l'on ne sait plus trop quoi lire avant ou après quoi.
Un procédé ancien est d'ajouter une flèche pour guider le regard. Procédé facile que Fred a rarement employé, et qui prend le risque de faire sortir le lecteur de l'histoire !

Un dernier procédé est de rendre palpable des éléments d'une case qui ne "devraient" pas l'être, comme les bulles de textes ou les onomatopées. Dans "La mémémoire", Félicien fera entrer Philémon et Monsieur Baethelémy dans le monde des lettres grâce à la lettre "o" de l'onomatopée "Boum" !

Et je réserve pour le prochain épisode quelques superbes planches qui nous dévoileront la maîtrise de Fred dans l'art de la mise en page.

Phil aimons. (1)
Phil aimons (2) : les personnages principaux
Phil aimons (3) : d'autres personnages étonnants
Phil aimons (4) : où sont les femmes ?
Phil aimons (5) : le "Monde des Lettres"
Phil aimons (6) : les passages
Phil aimons (7) : des phrases toutes faites
Phil aimons (8) : jeux de mots et créations verbales
Phil aimons (9) : les codes de la bande dessinée
Phil aimons (10) : mise en page
Phil aimons (11) : d'autres Fred, Fred et les autres

Nous retournons une dernière fois sur la presqu'île de Crozon. Le soleil est levé, nous faisons donc un arrêt pour admirer le magnifique et photogénique pont de Térenez qui enjambe l’Aulne, le fleuve côtier qui se jette dans la rade de Brest. Achevé en 2011, c’est le plus long pont à haubans au monde avec un tablier courbe.

Le soleil est là ! L'occasion de profiter de notre éloignement de la presqu'île pour faire une halte au pont de Térenez. La brume n'est pas totalement levée, peu de circulation. Il a l'air d'un fantôme, d'un squelette suspendu au-dessus de l'Aulne. Nous le franchissons deux fois, cherchons des angles… Bref, je le trouve beau, preuve pour moi que les réalisations humaines ne parviennent pas toujours à défigurer les paysages. (Ça me fait la même chose avec les éoliennes).

Nous poursuivons la route jusqu'à Landévennec sur les rives de l’Aulne. Nous flânons dans les ruelles et sur les quais, nous remontons de la plage jusque dans le petit cimetière avec ses tombes tournées vers l’océan.…
Nous arpentons les rues, passons devant les murs d'un bel hôtel à l’abandon.

Au port de Landévennec, c'est la guerre ! Des gars en treillis préparent la prochaine visiblement. Petit bled charmant, barques de pêcheurs, église et cimetière attenant, délaissé malgré l'approche de la Toussaint.

En quittant le bourg, nous nous arrêtons au belvédère. Là, superbe panorama avec vue sur la boucle de l’Aulne et sur le cimetière des navires de la Marine nationale en attente de démantèlement.

Il existe un autre cimetière de bateaux, militaires cette fois. Laideur absolue, quoiqu'ils sont bien dissimulés aux regards des curieux. Déchets de ferraille polluant la nature. Que dirait-on si j'abandonnais ma bagnole au milieu d'un champ ? Ceci dit, j'ai tellement joué, petit dans les carcasses délaissées près de chez mes parents…

Nous prenons la direction de la belle plage de l'Aber.
Le soleil est au rendez-vous et les températures plutôt clémentes, malgré une petite brise. Nous arpentons cette magnifique et longue plage complètement découverte.

La grande île de l'Aber devient presqu'île à marée basse. C'est l'occasion de grimper jusqu'au fort de l'aber (ou plutôt ses ruines), accessible deux fois par jour en fonction des marées.
L'Aber, le petit fleuve côtier, coule se jeter dans la mer.

L’accès jusqu'au fort n'est pas si évident car c'est pentu et la végétation assez dense et piquante.
Le chemin qui fait le tour permet de découvrir des points de vue splendides...

L'intérêt allant décroissant, nous sentons bien que notre balade touche à sa fin. Nous poussons jusqu'à l'île de l'Aber pour profiter de la marée basse. Le panorama est enchanteur !
Sur l'île, la lande est riche en ajoncs accrocheurs… et en promeneurs !

Nous rejoignons la voiture garée sur les hauteurs du bourg de Raguénez. Direction à présent le Menez Hom, la montagne bretonne qui culmine à 330 mètres.
Arrêt au dolmen Menez Lié à Saint Nic situé dans un champ en bordure de route.

Avant de quitter la presqu'île, j'opte pour une visite de dolmens. Je n'en trouverai qu'un, à proximité d'un champ où s'attardent encore quelques tournesols.

Que faire maintenant ? Rentrer directement ? Elle me propose une halte à Locronan, visité il y a bien longtemps, et que j'avais totalement oublié. Peu de touristes en cette arrière saison… et  une impression de village-musée qui ne déclenche pas d'envies d'images.

Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons à Locronan. Nous prenons le temps de déambuler dans les ruelles, d’admirer les maisons en pierres. Un décor de carte postale (trop pour nous !) que cette cité de caractère avec tous ses artisans d’art.

Quelques portes photogéniques et retour maison.
Avec l'envie de se plonger dans les photos, parce que bien sûr, nous reviendrons  Surtout pour l'extrémité, autour de Camaret, qui nous laisse déjà un souvenir inoubliable.

Mais nous aurons d'abord à compléter notre tour de Bretagne sur le GR34.

Notre balade en presqu'île de Crozon s'achève ici. Nous reviendrons à Camaret-sur-mer avec grand plaisir. Nous avons vraiment de la chance d'avoir autour de nous ces endroits magnifiques pour faire de superbes balades.

La presqu'île de Crozon (1) : intro
La presqu'île de Crozon (2) : dimanche 21 octobre 2018
La presqu'île de Crozon (3) : lundi 22 octobre 2018
La presqu'île de Crozon (4) : mardi 23 octobre 2018