Beau Dommage - La complainte du phoque en Alaska
(Un gaffeur sachant gaffer - Franquin)
Je ne suis plus amoureux de Martine. Depuis la rentrée de septembre 74, je suis en cinquième et elle a dû changer (physiquement) pendant les vacances d'été. Elle s'est allongée, elle ne m'attire plus. Mais de toute façon elle n'en aura jamais rien su : je suis bien trop timide pour lui avoir dit quoi que que soit pendant ces cinq années !
L'été de "cette année-là", mon grand-père Henri me dégotte un petit boulot chez son voisin (trois kilomètres à vélo matin et soir) : la cueillette du tabac. Ce n'est pas passionnant mais je me ferai 100 francs. (En dix jours, alors que ma sœur se fera le triple chez mon futur patron !)
Jean-Pierre et sa femme sont sympas : comme je mange chez eux le midi, ils m'achètent du camembert plâtreux (comme je l'aime à cette époque) mais comme ils ne le mettent pas au frigo (relire Superdupont), ça ne dure pas. Je mange aussi du "mijet" (à 12 ans ?!), ça rafraîchit après la matinée dans les champs.
Recette du mijet
- le matin, mettre dans un saladier du pain et de l'eau avec un peu de sucre
- placer le saladier au frigo
- au moment du repas, sortir le saladier et ajouter une bonne rasade de vin rouge
L'après midi, il s'agit de mettre le tabac à sécher. On place les feuilles sur l'enfileuse, on tourne la manivelle et une aiguille vient attraper la ficelle qui va fabriquer une guirlande qu'on accrochera sous un séchoir (armature bois et plastique noir). A l'hiver, il restera la phase de décrochage et de tri des feuilles, mais ça je ne l'ai jamais vu.
On écoute la radio, je ne sais plus quelle station et je découvre Beau Dommage parmi plein d'autres trucs. Je chante toute la journée, et je chante toujours Beau Dommage aujourd'hui.
J'apprends aussi - à mes dépends - qu'on ne doit JAMAIS détacher le bouc sans avoir au préalable enfilé les gants qui sont posés sur le rebord de la fenêtre de l'étable : parfum persistant sur les mains même après lavage au savon !
Ceci dit, mes grands-parents n'ayant pas l'eau chaude, je ne me lave que le dimanche. Ma grand-mère fait chauffer de l'eau sur la cuisinière et elle installe un baquet en plastique dans "la cour aux poules".
J'entre en quatrième en septembre. Je continue le latin et je prends "allemand deuxième langue".
Le petit livre Beatles - Hervé Bourhis
Arzach - Moebius
Fluide Glacial N°1
La ballade de la mer salée - Hugo Pratt
Métal Hurlant N°1
Monty Python sacré graal - Terry Gilliam et Terry Jones
Vol au-dessus d'un nid de coucou - Miloš Forman
Les dents de la mer - Steven Spielberg
Mastabilo - Lorient
Chute de Saïgon - 30 avril 1975
Reiser prémonitoire- Charlie Hebdo N°192 - Lundi 22 juillet 1974
"La complainte du phoque en Alaska" est ma chanson marquante de 1975. Mais il y en a plein d'autres !
Certaines découvertes à l'époque comme "I'm not in love", "l'ami couette", "le zizi", "Hurricane"ou "quand j'étais chanteur".
D'autres redécouvertes plus tard comme "Say it ain't so", "Bohemian rhapsody" de Queen ou "les cinq saisons" d'Harmonium.
Et si j'ai vu "les dents de la mer" à sa sortie (quel flip !), j'attendrai cinq ans avant de voir le génial "Vol au-dessus d'un nid de coucou".