A lapa de Lisboa (2)
Madredeus - Vozes no mar
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Madredeus - Vozes no mar
Expo photo Américo Ribeiro à la Casa Bocage sur le Setúbal d'antan
Setúbal : la ville
C'est vrai que je n'étais pas un grand fan de cette ville. Sans doute parce que je n'y étais toujours passé que pour des raisons familiales, qui plus est avec Crispim et Chicken. Ces étapes avaient toujours marqué une pause dans nos voyages, avec une contrainte "sociale" qui ne nous donnait pas suffisamment de liberté pour l'explorer à notre guise.
En ce mois de juillet 2022, ce fut différent : nos aspirations ont évolué depuis 10 ans, et il s'agit d'explorer un peu plus les différents quartiers. Même si une partie de ces trois jours sera consacrée à des démarches administratives - les matinées y passeront en grande partie -, nous profiterons d'une partie des après-midis pour nous balader.
Un autre paramètre est nouveau également : l'explosion du graffiti et du street art, ici comme partout ailleurs - sauf à Lorient ? - et objets des prochains épisodes.
Setúbal est une ville de plus de 100 000 habitants installée dans l'estuaire à la sortie du fleuve Sado et juste en face de la péninsule de Tróia dont la pointe est défigurée par de grands immeubles dévolus au tourisme de masse. Nous croiserons constamment des groupes d'adolescents, planche sous le bras et serviette sur l'épaule se dirigeant à pied vers les plages à l'ouest du port de pêche ou vers les ferries qui tournent sans cesse pour des sorties à la journée vers les longues plages de Tróia. Les similitudes avec Lorient sont nombreuses : nous, c'est la pointe de Gâvres, encore préservée de ces excès.
L'économie s'est construite également ici autour de la pêche et des conserveries, avec aussi de la cimenterie. Comme à Lorient, ces activités sont en déclin mais la ville peut profiter de sa position géographique pour ceux - notamment les "locaux" - qui souhaitent échapper à Lisbonne, la grande voisine à 50 kilomètres, envahie par les touristes. Et le port de commerce vers l'est y a l'air assez actif. Elle n'est pourtant pas si florissante : de nombreux bâtiments y sont à l'abandon même si l'on remarquera de nombreux chantiers de rénovation.
Installés à l'hôtel Cristal à l'est, nous aurons surtout quadrillé la partie sud de la ville du quartier populaire de São Sebastião jusqu'au port de pêche à l'ouest, et le début de la route qui mène vers la Serra da Arrábida, fermée cet été à la circulation en raison des risques d'incendie.
Le centre ville est plutôt croquignolet avec sa belle place Bocage, rendue encore plus attirante par les rotations incessantes des canadairs volant vers l'immense panache de fumée au-dessus de la ville de Palmela toute proche. Ici aussi, les incendies ont occupé une large part des préoccupations estivales.
Les rues piétonnes sont joliment pavées et si je m'intéresse plutôt peu à l'aspect "shopping", les boutiques une fois fermées révèlent des stores graffés parfois avec talent, j'y reviendrai aussi au prochain épisode.
Le Miradouro de São Sebastião et sa belle vue sur la baie. Nous y ferons même un arrêt "grignotage" dans un bistrot charmant, j'en parlerai dans les derniers épisodes.
En conclusion de cette introduction à la ville, je reconnais l'avoir redécouverte sous un nouveau jour. Bien sûr, il a fallu supporter les longues heures à poireauter dans des administrations diverses et variées (et souvent au bistrot pour moi) sous une chaleur de plomb. Mais nous avons trouvé un nouveau charme à cette ville et même s'il n'est pas certain qu'on y revienne un jour, elle vaut bien une étape.
Et il faudra bien deux autres chapitres pour présenter toute la richesse de l'arte urbana setubalense !
Nos sorties en ville ont été entrecoupées de pauses bistrots et restaurants, mais nous n'avons pas toujours tiré le gros lot !
Le 12 en fin d'après midi, nous nous arrêtons à la terrasse de la Taberna do Largo da Ribeira Velha pour boire un verre. Et pourquoi ne pas y dîner ? Le patron me confirme qu'il a de l'alheira au menu. Je raffole depuis des années de cette saucisse fumée composée de volaille, de pain, d’huile d’olive, d’ail et de piment. En guise d'apéro, nous commandons de la seiche frite servie en cornets : trop… sèche ! Comme la suite tarde, je le relance pour l'alheira et il me dit qu'il n'en a plus, alors que nous sommes parmi les premiers clients ! Heureusement le vinho verde Soalheiro Alvarinho est très bon, mais j'aurai dîné de 3 ou 4 morceaux de seiche frite, 7 ou 8 chips, une tranche de pain et un morceau de pain de maïs, pas le meilleur que j'ai pu goûter…
Le lendemain midi, après une longue matinée chez la notaire, nous déjeunons au "Rei do choco frito" pour y déguster la seiche frite vantée par la famille. Ce n'est pas mauvais, sans plus. Un bon point pour le vinho verde Quinta da Aveleda.
Meilleure pioche le soir.
Les heures de l'après-midi se sont égrenées lentement en démarches interminables à la banque. Je me suis posé pas très loin au café Sem Horas… et y ai attendu quatre heures ! Le personnel est sympa, la carte tentante alors nous revenons y dîner : pastéis de bacalhau, poulpe en beignets avec frites / escalope de porc en sauce avec riz, et puis une tranche d'ananas. Et Quinta da Aveleda, bien sûr ! Nous recommandons chaudement cet établissement !
Sem Horas - Largo da Misericórdia
Le jeudi 14 juillet, je décide de rester à l'hôtel commencer à trier les photos : les démarches et l'attente à rien faire me gonflent ! Pourtant vers 16h, on revient me chercher : je dois aller obtenir un numéro de contribuable aux impôts ! (Les conjoints sont aussi héritiers ici…) Après une heure passée dans le bureau, nous sortons enfin et décidons d'aller vers le port de pêche. Après une belle récolte de graffitis et fresques en tous genres, nous nous posons au café-resto de la criée. C'est fréquenté par des travailleurs locaux, ce qui est rarement mauvais signe. Et ça y est, je l'ai, mon alheira ! Les plats sont simples mais bons et copieux, et plutôt bon marché. Au menu, olives, pain et pâté de sardine en entrée, alheira, œuf, frites, salade, tomate et oignons, arroz doce (riz au lait avec cannelle) en dessert, une bière et une eau gazeuse : 17€ le tout et encore, on n'a pas pris le café !
Le vendredi 15 juillet, les démarches se terminent enfin en milieu de matinée et nous partons vers le marché, puis à la chasse au graffiti. Vers 14h, nous revoilà au Miradouro de São Sebastião. La terrasse de la Cervejaria Costa Azul nous tend les bras. La patronne - brésilienne ? En tout cas "exotique"… - tient la boutique de façon énergique mais très sympa.
On se laisse tenter par la salade de poulpe, et une bière pour moi. A la re-commande, je re-passe pour un branleur avec mon second demi d'Imperial ("à la pression") à 1€ !
Nous repassons à l'hôtel et pendant qu'elle trie ses papiers, je bidouille les photos jusqu'en fin d'après midi. Puis nous repartons à la chasse au resto. Après avoir tourné un peu - et vu que Sem Horas est complet -, nous remontons la rue Arronches Junqueiro vers la Porta do Sol et à 20h30, je décide d'opter pour l'Adega Dos Garrafões, alléché par les palourdes (et elle par le porco à Alentejano). C'est assez moyen, d'autant que nous prenons le "vinho da casa" à peu près imbuvable ! Et que le pudim flan du dessert ne vaut pas le sien ! Bon la serveuse a beau être sympa et apprécier mes gribouillis (ou faire semblant, mais je ne crois pas), le patron nous annonce que son terminal CB est en panne, on doit donc payer en liquide, et ça sent un peu trop son "non-déclaré" !
En résumé, nous n'aurons pas fait le plein en terme de gargotes à promouvoir, mais tout de même trois beaux souvenirs avec Sem Horas, Maré de Zés et la Cervejaria Costa Azul.
L'avenir nous dira que nous ferons mieux à Lisbonne…